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La question qui se pose aujourd’hui concerne cet espace de réalisation matérielle,

de devenir physique et matériel, qu’est la Terre et son atmosphère. Quel est le

degré de destruction inévitable ?

Cette question, si ultimement fausse ou irréelle puisse t elle se révéler, est pourtant

celle que tout ce qui en nous demeure séparé, ignorant et dissocié doit

honnêtement se poser. Car sans cette honnêteté la question ne pourra pas se

transformer, ni les circonstances qui nous la rendent manifeste.

Mais que chacun accepte de la poser là où il se trouve et tel qu’il se trouve, et la

question même changera.

De l’indication d’un danger réel et imminent, elle deviendra celle d’un passage

commun et concret à la prochaine étape.

17.

Je n’avais pas encore vingt ans quand je L’ai rencontrée.

De Sa chambre, sans e voir, Elle m’avait fait porter une rose.

Du bord des choses, de la saillie instable de la vie, sans La voir, je L’avais déjà un

peu reconnue, sur le crâne de mon corps, le toucher pressant d’une Force enfin

retrouvée, une extase acceptée, juste là, assis sur la pierre – oui, c’était bien Elle.

Autour d’Elle pourtant, le réseau aggloméré d’une impossibilité, la condensation

avide et organisée de notre vieille farce humaine ; la petitesse dérivant de Sa Force

la prétendue grandeur de ses masques.

Pour La voir enfin, il fallait ramper sous les crocs et les griffes souriants des élus et

des nantis, de Ses fiers instruments.

Dans l’innocence hésitante encore libre de l’étranger à la comédie, déjà à mon insu

catalogué, identifié, assez naïf encore pour croire aux signes extérieurs d’une

sincérité que j’aurais moi-même souhaité Lui offrir, je n’ai pas vu ; j’ai rampé.

Peut-être pas vraiment, sûrement pas volontairement mais, acceptant ne fut ce

qu’à peine de singer avec la grande famille, j’ai laisser entrer la peur et la grimace

interférer.

Une seule fois la Grâce a pu agir et j’ai pu être seul à Ses pieds, seul avec Elle,

mienne vraiment, Elle vraiment, le Sien vraiment, de tous temps et pour tous les

temps des temps. Et si cette fois là a pu être, c’est que les marées antagonistes

s’étaient retirées, regagnant leurs camps, car Elle et moi, ensemble malgré eux,

avions choisi pour moi de repartir.

Alors on m’a rendu à Elle un instant, un impossible instant, avant de m’en retirer,

de m’en séparer, pour me rejeter dans la zone des condamnés, l’enfer des

disgraciés, le chaudron de la farce et du festin.

18.

Mais je rend grâce d’avoir été ainsi écarté de cette bouche avide qui aspirait tant de

Sa Force et Son Amour ; car, je le vois si clairement maintenant, dans l’état encore

inchangé de notre nature, c’est une Grâce véritable d’être à la fois éloigné et brûlé

par le contact ; car la plus grande et la plus terrible défaite, le mensonge le plus

intolérable, est de La tromper en La servant.