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LE PAYS DU COGNAC
geurs continuellement réjoui par l'aspect d'un fruit délicieux, les prépare
insensiblement
à
des excès de joie que bientôt ils ne peuvent plus retenir. Le
repas du soir fait oublier les fatigues du jour; le moindre son du gosier, de la
musette ou du violon est le signal du plaisir et le corps brisé du hotteur
semble revivre tout à coup pour étaler en dansant une agilité surprenante.
D'ailleurs, la campagne est à cette époque anin1ée par la présence des
propriétaires qui tous s'empressent d'encourager, quelquefois même par leur
exemple, les ébats joyeux des vignerons. L'habitant des villes se rend alors
dans sa borderie avec sa famille qui, bannissant toute contrainte et toute
étiquette se mêle
à
ces plaisirs champêtres.
»
Telles étaient jadis les méthodes de culture en usage dans les
Charentes. Elles étaient, comme on voit, plutôt rudimentaires : labours peu
nombreux et imparfaits, fun1ure nulle, taille très son11naire et faite moins
pour la production du fruit que pour maintenir la souche vigoureuse ... Aussi
les rendements étaient-ils insignifiants.
L'invasion phylloxérique a eu pour conséquence de modifier
tout cela. La culture extensive peu:,onéreuse mais produisant peu aussi, a fait
place
à
la culture intensive, plus rémunératrice.
Elle a provoqué. aussi une crise n1on1entanée dans la production.
Les vignobles atteints n'ont pu être rétablis d'après les anciennes 1néthodes.
Il a fallu renoncer
à
faire vivre la vigne du pays sur ses propres racines ; on
a dù lui en donner d'autres appartenant
à
des variétés inconnues jusqu'alors
qui peuplaient, non pas les vignobles mais les forêts de l'Amérique du Nord;
d'où l'obligation de la grefter. Mais les
va1·iétés sujets
se sont nlontrées
difficiles sur la nature du terrain : toutes n'avaient pas non plus une
résistance phylloxérique suffisante; et l'on a dû en créer de nouvelles
à
la fois
résistantes et capables de prospérer partout.
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