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entering your moony hand, bloody old race… griffonner des absurdités, poser des

intentions de savoir, alors que seul le temps fait l’homme se mouvoir, percuté par

la vitesse… j’aimerais pouvoir me situer dans mon empreinte de lumière afin de

voyager tout au long des univers…

Je crois quelquefois que si nous allions jusqu’à l’extrême possibilité prise dans l’idée

de Dieu, nous nous regarderions et la vraie vie serait communiquée à tous…

L’homme qui a atteint l’autre rive du schème bouddhiste est paradoxalement le seul

à pouvoir considérer l’autre en vérité mais aussi le seul à ne plus participer à la vie

en aucune manière ; s’il a passé au-delà, il ne peut concerner chacun qu’en tant

qu’exemple du salut réalisé. Le fait d’exister reste une illusion et Maya subsiste en

toute chose…

Or, je ne crois pas que l’existence humaine n’ait pas à se réaliser communément –

en communion avec l’autre – et à dépasser la mort.

J’ai envie de S.B., de son corps, et d’elle-même.

Ca ne va pas très bien… je ne suis pas content d’être seul, et pourtant je n’aimerais

pas beaucoup ne plus l’être… j’ai envie de retourner au Maroc, d’y acheter une

maison et de faire l’amour… Ce soir, c’est la pleine lune – « amar ».

J’ai passé une curieuse journée. Au réveil, des versets du Coran étaient presque

hurlés de par la ville, s’abattant depuis les minarets. J’ai pris un autobus pour aller

à quelques kilomètres dans un village de la montagne. J’ai voulu marcher, mais

plusieurs enfants se sont mis à me suivre en criant, le soleil embrasait leurs voix et

le désir de silence et de quiétude me tenait… Plus tard, à l’entrée du chemin, une

voiture s’est arrêtée, mais j’ai continué. Elle est revenue près de moi, et son

conducteur m’a invité à monter. C’est un commerçant Syrien qui, comprenant que

je ne voulais de mal à personne, m’a proposé de m’amener dans la montagne, du

côté opposé. Après quelques minutes de conduite, nous avons marché un peu, puis

nous sommes étendus sur la pierre, la plaine cernée de massifs devant nous. Il a

semblé heureux de notre rencontre. Nous avons parlé un peu. Il est père de famille,

il travaille beaucoup ; il aime la liberté. Puis nous sommes revenus à Damas, il m’a

offert quelques gâteaux. Se plaisant avec moi, il m’a emmené de l’autre côté de la

ville.

« Conduis ? bien ? »

« Oui, bien ».

« Papiers, tu as ? »

« Oui ».

J’ai pris le volant et nous avons roulé longtemps dans le désert, vers l’Irak. Au

retour, il conduisait de nouveau ; il s’est arrêté près d’une chaîne de montagnes et

m’a demandé si je voulais marcher, j’ai dit « oui ». Nous avons gravi les éboulis

d’une colline dominant les autres, il était essoufflé mais content. Désormais, m’a-t-

il dit, il ira chaque vendredi marcher longtemps et regarder la nature. Nous nous

sommes assis pour attendre le coucher du soleil. Des oiseaux se parlaient autour de

nous.

« Les hommes, quand liberté, comme oiseaux, pas fatigue, pas difficile… ».

Nous avons partagé sa grande écharpe, car il faisait moins chaud.

« Votre tête, belle. Pourquoi cheveux pas d’or, avec yeux bleus comme mer ? »

« Je ne sais pas »

« Ah ! Malish… »

Il m’a raccompagné, nous nous sommes dit au revoir, il était pensif.