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dont il faut revenir si l’on cherche l’amour et ce que le mot « bonheur » recèle en
son écho.
Je ne veux rien parier et ne suis sûr de rien… j’ai moins confiance quant au fait de
parvenir moi-même à cet état de disponibilité.
Les envies se mêlent dans ma tête… Descendre marcher, la main de S.B. dans la
mienne, caresser de ma tête nue sa gorge et sentir sa fabuleuse chevelure,
entendre son rire, jouer de mes doigts sur ses doigts et savoir que dans la
chambre, tout à l’heure, nous attendrons que le désir nous vienne ensemble et
agirons la complétude de l’homme et de la femme… Je suis là. Et S.B. est ailleurs.
Serons-nous là de nouveau ?
Everything is equal, my body is going through the zones and the light is reflecting
lights. Enjoy yourself, get up to the goodness and sleep as a grain of dust, of dusty
kingdom… A student, if you need some, take my consciousness, take it and I’ll go
without any thought to the skies… everything is equal; don’t make me think of the
differences… Just the metal, no sharpness, no form, no sense, no way, just a piece
of metal somewhere, no more waiting for the life… But, if something happens
among men, if some happiness was coming in man’s worlds… well, take it easy and
try to be ready…
*4-11-1969, Kuwait:
Ici, j’ai épuisé toutes les ressources d’aventure… Seule m’attire hors du marécage
et m’emmène l’aventure du ciel et sa présence maîtresse ; un niveau de nuages,
même instables et en mouvance, et l’on croit pouvoir atteindre le soleil. A ces
moments merveilleux, où tout l’art que l’homme social a voulu s’approprier se
réalise, se chante et se déroule en plein évènement, l’acte, lorsqu’il se fait, se
suffit. Il n’est point besoin de figer ce spectacle, car une partie de l’être qui l’a
contemplé, dans le saisissement, s’y est reposée et, revenant plus tard d’un long
voyage, offre par un regard de nouveau entier les présents et les possibles, avec le
souvenir de cette beauté…
Par moments, j’ai peur ; je sens mon ineptie.
Quelquefois je voudrais raconter mon histoire avec O.B. Elle est riche de tous ces
attraits mystérieux du destin, du lien, du mal… Mais, de nouveau, je la sens. Peut-
être viendra-t-elle, cet hiver, en Inde ? J’ai rêvé d’elle, et de L.de D. aussi… est-il
sorti de l’hôpital psychiatrique ? Fabienne sans doute m’en donnera des nouvelles.
Ce journal est un joint entre deux cycles.
Je me sens reculé des choses.
Mon roi, quelle est votre peine ?
J’ai engendré une fleur inerte…
Je lis Flaubert, c’est étrange d’avoir ces lectures, d’y ronronner comme un chat qui
retrouve son panier, alors que les bruits environnants n’y sont aucunement reliés et
les paroles que j’entends empruntent des musiques et des syllabes si autres…
Je ne sais quoi faire pour Sead, et cela me rend triste ; si l’hypothèse d’une
arrestation est fondée, il est vraisemblable que les fonctionnaires de la police me
refuseront tout éclaircissement ; et son cousin, même mourant et réclamant de lui
une présence continuelle, n’aurait pu l’empêcher de m’envoyer un mot… je n’ose
songer à quelque chose de plus définitif. Et naturellement je pense à mon
« mauvais œil » et culpabilise en dedans… J’espère que Sead m’écrira en Inde.
La mer ce soir était si calme, si pérenne, que la surface, comme densifiée par les
reflets du soleil couchant, semblait une plaque de métal animée ; les bateaux y