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Je sens de ne rien presser, de ne pas être une insistance, de laisser couler
librement ; qu’Auragni peu à peu réalise que je suis là, quelque part pas loin, et
bientôt elle saura où c’est et comment y aller aussi…
Diane semble être en bonne forme, avec l’énergie de quelqu’un qui revient d’une
épreuve, et un sens de ses priorités ; une position acquise, tranquille aussi,
attentive à garder son espace intérieur ; et déterminée à trouver un lieu de vie
pour elle et Auragni, indépendant et de Jean et de moi, et dans une situation où
elle pourra être elle-même – et c’est ce que je lui avais beaucoup souhaité…
Je réalise qu’il me faut laisser de côté pour le moment une certaine forme de besoin
en ce qui concerne Auragni et moi… En même temps il me faut être très droit et
attentif face à Diane et ne laisser aucune prise à sa perversion particulière – je ne
veux plus héberger cette douleur…
Diane et Auragni ont établi quelque chose de beau et de fort entre elles et je le
respecte ; et j’ai confiance en Diane comme mère…
*30-1-1984, Auroville :
J’ai passé l’après-midi à « Jaïma » avec Diane et Auragni, parmi les autres enfants…
Ma princesse s’est sentie plus libre de venir à moi ; et avec Diane, malgré cette
extraordinaire ignorance de ma propre position et cet étalage de la sienne, il
semble qu’une possibilité soit là…
*31-1-1984, Auroville
:
I must collect myself and re-centre from the whirl and turmoil I have been in.
Dés que l’on se met à dépendre des autres pour la joie d’être, on quitte la source,
on quitte le courant, comme de l’eau qui se perd dans le sable et la poussière…
… Krishna est venu ; on a parlé longtemps de la présente tentative pour désigner
un « gouvernement d’Auroville »… Tant qu’il y a en nous le goût du pouvoir, on ne
peut pas atteindre à l’anarchie véritable, au gouvernement de chacun par la vraie
Force ; et jusque là, le plus important, et le plus utile finalement, est de préserver
une certaine fluidité derrière un semblant de cohérence…
Cette clarté qui soulage, que parfois lui et moi pouvons toucher ensemble…
… Coni et Luigi sont venus passer la soirée avec moi ; après un moment de
malaise, je me suis décidé à leur parler franchement, honnêtement, et précisément
aussi, de ce que je ressentais à leur égard, et envers chacun d’eux ; et je
demandais en quelque sorte qu’on me montre ce qui est solide et ce qui ne l’est
pas… Luigi a parlé ensuite, de ce qu’il croit être un problème commun à chacun de
nous trois, mais qui est en fait sa propre impossibilité ou contradiction, dont je
n’avais pas assez tenu compte sous la vague émotionnelle que la rencontre avec lui
avait provoquée en moi. Et, comme par une eau froide et suffocante, j’ai été cloué
par une sorte d’horreur devant cette condition où nous ne sommes plus que des
impossibilités en présence les unes des autres, sans plus le moindre espace pour la
rencontre gratuite, aimante et confiante… Un laboratoire constant avec pour seul
espace viable un terrain dérisoire et transitoire de bonne volonté et de respect de la
cohésion générale… J’ai été remis à ma place, seul. Et c’est bien…
… Je ne suis pas sûr que je sois prêt à être exclusivement un guerrier…