Previous Page  28-29 / 160 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 28-29 / 160 Next Page
Page Background

ÉMERGENCE D’UN NOUVEL ACTEUR DE LA FORMATION BANCAIRE

28

29

Discours

de la méthode

Milieu des années 70. Les étudiants du CETCA ont de bons résultats

aux épreuves de technique bancaire, mais la rédaction d’un mémoire pose

problème à certains. L’IFCAM demande alors à un psychopédagogue

d’

imaginer un cursus de formation qui favoriserait l’expression

écrite.

Le plaisir n’est pas étranger au succès de sa méthode.

L’IFCAM tout juste créé — nous sommes en

1976 — a pour mission de mettre en place

une for-

mation capable d’aider les étudiants à améliorer

leur expression à l’écrit.

Après avoir passé en revue

les solutions pertinentes existant sur le marché, on

repère les travaux de Jean Favry, jeune psychopéda-

gogue. Il est déjà intervenu pour le Crédit Agricole et

ses méthodes en matière de formation sont consi-

dérées comme audacieuses.

LE PLAISIR POUR SECRET DE FABRICATION

Secret de

favrycation,

si l’on veut être précis…

L’ingénieur pédagogique est formateur en relations

humaines et agrégé de lettres modernes. Il a conçu

«Des idées au plan », un cursus de formation à l’ex-

pression écrite tout à fait novateur et expérimenté

avec succès à la Banque de France. Il a

« retourné la

table »,

comme on le dit pour les formations à la créa-

tivité. En effet, il demandera aux participants non

pas de commencer par écrire leur plan mais de pro-

duire d’abord les idées :

« L’esprit ne peut pas à la fois

produire et trier »,

explique Jean Favry. Cette méthode

— d’abord les idées puis leur organisation en un plan

structuré — permet d’entrer dans la présentation de

son sujet plus naturellement, de lever les blocages, et

d’ordonner son argumentation en fonction du des-

tinataire du message. Pour mettre en œuvre cette

nouvelle méthode partant de l’individu, Jean Favry

fait alors appel à des pédagogies participatives et

créatives qui ont pour objectif de

rendre l’expres-

sion écrite plus accessible à tous ceux pour les-

quels l’acte d’écrire est difficile.

«Des idées au plan » avait un autre

secret de fabri-

cation : le plaisir.

La méthodologie proposée offrait

aux apprenants une meilleure estime de soi et cha-

cun suivait la formation avec beaucoup d’intérêt et de

motivation :

« Ils réalisaient qu’ils pouvaient se prendre en

charge, et pour peu qu’on leur donnât des méthodes, ils pre-

naient confiance. »

CINQ JOURS POUR FAIRE ÉCLORE DES IDÉES

«Des idées au plan » enseignait en cinq jours

à produire des idées, à les ordonner dans un plan, mais

aussi à vivre en groupe et à se faire confiance. Les

deux tiers du temps se passaient en commission avec

un rapporteur qui présentait oralement les travaux.

Cinq jours... un luxe quandonypense aujourd’hui,

mais

« rendre de la confiance aux gens nécessitait bien tout

ce temps. Aujourd’hui, si le besoin de socialisation est tou-

jours présent, celui d’améliorer l’expression écrite est moins

fort »,

commente Jean Favry.

UNE APPROCHE

QUI A SU MARQUER SON TEMPS

Cette approche humaniste qui faisait

appel à une pédagogie novatrice est un franc suc-

cès.

Les étudiants du CETCA voient leurs résultats pro-

gresser. Au-delà du CETCA, la formation est déployée

dans la plupart des Caisses régionales et les directeurs

généraux, enthousiastes, en assurent eux-mêmes la

promotion. «Des idées au plan» a réellement marqué

son temps par l’ambiance très constructive qui régnait

au sein des groupes :

« Les participants d’une Caisse régio-

nale appelaient le soir les participants de la prochaine session

pour leur dire combien c’était formidable. »

«Des idées au plan » sera suivi d’un cursus de per-

fectionnement appelé « Styles et personnalité »

.

Il

permettra, au-delà de la construction du document à

rédiger, d’aborder les notions de style et leur lien avec

la personnalité pour mieux valoriser ses écrits.

LUDIQUE, HUMANISTE ET PÉDAGOGIQUE

La démarche de Jean Favry se révèle féconde à au moins trois niveaux :

• La qualité d’une formation de formateurs exceptionnelle : une semaine de formation

initiale suivie de deux semaines d’assistance terrain. Elle béné ciera à d’autres

animations que « Des idées au plan » et facilitera la conception de formations

réellement en phase avec les attentes des adultes en formation professionnelle.

• Sur ces principes, nombre de cours du CETCA ont été refondus, à commencer

par un cours de formation générale qui pâtissait d’à peu près tous les maux d’une

approche académique désuète. Un nouveau mode de relation entre « correcteur »

et « élève » a été instauré, qui donnait lieu à un vrai dialogue, encourageant

l’« apprenant » à progresser en con ance et avec méthode.

• Dans le même esprit a été refondu le système de correction des devoirs produits par

les milliers d’inscrits et corrigés par plusieurs centaines de correcteurs. La formation

mise en place leur a permis de transformer une pratique parfois centrée sur la traque

de la faute et de l’insuf sance en analyse rigoureuse du texte produit, en une aide

pertinente et individualisée à l’amélioration de l’apprentissage.

Pourquoi ça marche ?

1976-2016 L’IFCAM a 40 ans

Ensemble, formons notre avenir