ÉMERGENCE D’UN NOUVEL ACTEUR DE LA FORMATION BANCAIRE
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Discours
de la méthode
Milieu des années 70. Les étudiants du CETCA ont de bons résultats
aux épreuves de technique bancaire, mais la rédaction d’un mémoire pose
problème à certains. L’IFCAM demande alors à un psychopédagogue
d’
imaginer un cursus de formation qui favoriserait l’expression
écrite.
Le plaisir n’est pas étranger au succès de sa méthode.
L’IFCAM tout juste créé — nous sommes en
1976 — a pour mission de mettre en place
une for-
mation capable d’aider les étudiants à améliorer
leur expression à l’écrit.
Après avoir passé en revue
les solutions pertinentes existant sur le marché, on
repère les travaux de Jean Favry, jeune psychopéda-
gogue. Il est déjà intervenu pour le Crédit Agricole et
ses méthodes en matière de formation sont consi-
dérées comme audacieuses.
LE PLAISIR POUR SECRET DE FABRICATION
Secret de
favrycation,
si l’on veut être précis…
L’ingénieur pédagogique est formateur en relations
humaines et agrégé de lettres modernes. Il a conçu
«Des idées au plan », un cursus de formation à l’ex-
pression écrite tout à fait novateur et expérimenté
avec succès à la Banque de France. Il a
« retourné la
table »,
comme on le dit pour les formations à la créa-
tivité. En effet, il demandera aux participants non
pas de commencer par écrire leur plan mais de pro-
duire d’abord les idées :
« L’esprit ne peut pas à la fois
produire et trier »,
explique Jean Favry. Cette méthode
— d’abord les idées puis leur organisation en un plan
structuré — permet d’entrer dans la présentation de
son sujet plus naturellement, de lever les blocages, et
d’ordonner son argumentation en fonction du des-
tinataire du message. Pour mettre en œuvre cette
nouvelle méthode partant de l’individu, Jean Favry
fait alors appel à des pédagogies participatives et
créatives qui ont pour objectif de
rendre l’expres-
sion écrite plus accessible à tous ceux pour les-
quels l’acte d’écrire est difficile.
«Des idées au plan » avait un autre
secret de fabri-
cation : le plaisir.
La méthodologie proposée offrait
aux apprenants une meilleure estime de soi et cha-
cun suivait la formation avec beaucoup d’intérêt et de
motivation :
« Ils réalisaient qu’ils pouvaient se prendre en
charge, et pour peu qu’on leur donnât des méthodes, ils pre-
naient confiance. »
CINQ JOURS POUR FAIRE ÉCLORE DES IDÉES
«Des idées au plan » enseignait en cinq jours
à produire des idées, à les ordonner dans un plan, mais
aussi à vivre en groupe et à se faire confiance. Les
deux tiers du temps se passaient en commission avec
un rapporteur qui présentait oralement les travaux.
Cinq jours... un luxe quandonypense aujourd’hui,
mais
« rendre de la confiance aux gens nécessitait bien tout
ce temps. Aujourd’hui, si le besoin de socialisation est tou-
jours présent, celui d’améliorer l’expression écrite est moins
fort »,
commente Jean Favry.
UNE APPROCHE
QUI A SU MARQUER SON TEMPS
Cette approche humaniste qui faisait
appel à une pédagogie novatrice est un franc suc-
cès.
Les étudiants du CETCA voient leurs résultats pro-
gresser. Au-delà du CETCA, la formation est déployée
dans la plupart des Caisses régionales et les directeurs
généraux, enthousiastes, en assurent eux-mêmes la
promotion. «Des idées au plan» a réellement marqué
son temps par l’ambiance très constructive qui régnait
au sein des groupes :
« Les participants d’une Caisse régio-
nale appelaient le soir les participants de la prochaine session
pour leur dire combien c’était formidable. »
«Des idées au plan » sera suivi d’un cursus de per-
fectionnement appelé « Styles et personnalité »
.
Il
permettra, au-delà de la construction du document à
rédiger, d’aborder les notions de style et leur lien avec
la personnalité pour mieux valoriser ses écrits.
LUDIQUE, HUMANISTE ET PÉDAGOGIQUE
La démarche de Jean Favry se révèle féconde à au moins trois niveaux :
• La qualité d’une formation de formateurs exceptionnelle : une semaine de formation
initiale suivie de deux semaines d’assistance terrain. Elle béné ciera à d’autres
animations que « Des idées au plan » et facilitera la conception de formations
réellement en phase avec les attentes des adultes en formation professionnelle.
• Sur ces principes, nombre de cours du CETCA ont été refondus, à commencer
par un cours de formation générale qui pâtissait d’à peu près tous les maux d’une
approche académique désuète. Un nouveau mode de relation entre « correcteur »
et « élève » a été instauré, qui donnait lieu à un vrai dialogue, encourageant
l’« apprenant » à progresser en con ance et avec méthode.
• Dans le même esprit a été refondu le système de correction des devoirs produits par
les milliers d’inscrits et corrigés par plusieurs centaines de correcteurs. La formation
mise en place leur a permis de transformer une pratique parfois centrée sur la traque
de la faute et de l’insuf sance en analyse rigoureuse du texte produit, en une aide
pertinente et individualisée à l’amélioration de l’apprentissage.
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