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Au fil du temps et des pratiques,

surtout quand elles font appel aux péda-

gogies actives et aux travaux de groupe, un

constat s’impose: en plus de ses objectifs de

compétences, la formation possède en elle

une autre «valeur ajoutée» d’un grand inté-

rêt: elle permet à ses participants d’y faire

des rencontres utiles et

souvent très heureuses.

D’autant que, dans bien

des cas, les «autres» sont

des homologues.

On peut donc, dans les

temps morts, dans les

moments formels et infor-

mels, dialoguer, échanger

et confronter des pra-

tiques, se procurer de l’in-

formation sur ses situa-

tions

professionnelles,

bref s’enrichir de la réalité

des autres, et soi-même y

apporter sa contribution.

Cette réalité assez évi-

dente ne va pas échap-

per aux pilotes de la formation et va même

devenir dans certains cas un objectif. Parti-

culièrement pour les centres de formation

interne des grandes entreprises : on le com-

En 1971, dans la dynamique de

la nouvelle loi, elle-même portée par un

accord national paritaire interprofession-

nel, s’était créé un consensus plus ou moins

implicite pour convenir que la formation

des salariés devait s’effectuer à «l’extérieur»

de leur situation de travail. C’était consi-

déré comme une condition nécessaire pour

prendre le recul indispen-

sable aux apprentissages

et aussi pour garantir la

neutralité de ceux-ci. Si

cette conception garde,

dans un certain nombre

de situations, une part

de sa pertinence, les exi-

gences accrues de profes-

sionnalisme sont venues

en contester le principe

universel. Et cela du fait

même des évolutions du

travail: montée en puis-

sance de la responsa-

bilité – et donc d’une certaine autonomie

– des salariés dans les manières d’exercer

leur emploi, développement des métiers de

«front-office» mettant en relation directe

client et salarié... En fait, un ensemble de

facteurs contestant les règles classiques

du taylorisme et de la bureaucratie, et per-

mettant au salarié d’organiser les formes

prend facilement, la formation profession-

nelle contribue, parmi d’autres moyens, à

favoriser le sentiment d’appartenance, à

développer des cultures professionnelles

communes entre homologues et aussi quel-

quefois, phénomène sous-estimé, àdévelop-

per des réseaux d’appartenance et à créer

des synergies utiles...

Ainsi, à côté de forma-

tions strictement profes-

sionnelles, va-t-on voir se

créer et se développer des

séminaires ciblés princi-

palement sur ces objectifs

de rencontre et d’échange.

Ce sera le cas par exemple

des

séminaires

pour

jeunes cadres quelques

mois après leur recrute-

ment, mais aussi pour des

managers confirmés à des

momentsde leur carrière...

Plus globalement, la dyna-

mique des échanges et des

rencontres entre ses par-

ticipants va devenir un «artefact» profitable,

positif et heureux de tout stage de formation

aussi bienpour ceux qui les suivent que pour

leurs employeurs.

d’exercice de son emploi (à l’intérieur bien

sûr d’un cadre de contraintes). Dans cette

réalité, la professionnalisation de ce salarié

ne peut se construire que par une confron-

tation directe avec la «situation de travail»,

laquelle est toujours plus complexe que

son énonciation dans un référentiel, quelle

que soit la qualité de celui-ci... Il est alors

revenu au système et aux

acteurs de la formation

de savoir construire des

dispositifs qui puissent

s’appuyer réellement sur

les situations de travail

de chaque participant et

offrir des effets positifs

pour ses pratiques quo-

tidiennes...Trois grandes

familles de dispositifs

vont chercher à répondre

à cette ambition:

«Les pédagogies de simu-

lation»

pour «reproduire»

des situations de travail dans lesquelles les

apprenants, en responsabilité, sont appelés à

prendre les décisions qui s’imposent de leur

point de vue et à mettre en œuvre les proces-

sus adéquats... La digitalisation offre, ici, de

grandesopportunitéspar les capacitésqu’elle

offre de reproduire le réel avec beaucoup

d’exactitude (comme les simulateurs de vol

dans l’aviation). Des progrès spectaculaires

sont à attendre encore dans ce domaine,

porteurs d’importantes plus-values pédago-

giques. Pour autant une simulation reste une

simulation. Par définition, elle ne sera jamais

totalement considérée comme étant «la» réa-

lité du travail.

«Les apprentissages en situation de tra-

vail. »

Il s’agit là d’inverser les choses et de

faire du travail un moment formateur. Cela

n’est pour autant possible qu’à condition

de respecter impérativement les règles de

toute action de formation. À savoir : un

contrat d’apprentissage préalable, une pro-

cédure participative définie et acceptée,

une évaluation...

«La pédagogie d’alternance»,

c’est-à-dire

coupler apprentissage théorique et acadé-

mique dans un lieu de formation, et appren-

tissage en situation de travail accompagné

par un tuteur. Dans cette pédagogie, la situa-

tion de travail est prise en compte dans les

enseignements théoriques et les appren-

tissages académiques sont utilisés dans les

situations de travail. Elle est certainement la

voie d’excellence de la professionnalisation,

d’autant qu’elle nécessite une coopération

et une co-construction avec les unités de

travail et leur manager. Elle est donc d’évi-

dence une voie d’avenir, même si les condi-

tions de sa mise enœuvre sont exigeantes.

La formation professionnelle

est aussi

une occasion

d’ouverture et de rencontres

L’indispensable place du travail

pour se professionnaliser

Loi instituant un fonds paritaire

de sécurisation des parcours

professionnels (FPSPP) pour

les demandeurs d’emploi

et les salariés les moins qualifiés,

et réorganisant les Organismes

collecteurs (OPCA).

2009

Novembre

Loi instituant le compte personnel

de formation (CPF) qui supprime,

de facto

, le DIF créé par la loi de

2003. Elle donne aux salariés un

droit à un conseil en évolution

professionnelle (CEP) gratuit et

à l’extérieur de l’entreprise. Elle

institue l’obligation d’un entretien

d’évolution professionnelle tout

les deux ans pour chaque salarié.

En contrepartie, elle supprime

l’obligation fiscale de dépense.

Elle institue cependant une

obligation de versement de

1% de sa masse salariale

à son OPCA pour servir le

financement du CPF, des contrats

de professionnalisation, du CIF

et du FPSPP.

2014

Mars

La formation

professionnelle

contribue à

développer

les réseaux

d’appartenance

et à créer des

synergies utiles

Une simulation

ne sera jamais

totalement

considérée

comme étant

«la» réalité

du travail