NOUVEAUX MÉTIERS : SANS CESSE APPRENDRE, TOUJOURS SE PERFECTIONNER
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longs et nourris, sur les contenus, les modalités, et aussi
la question de savoir qui serait admis dans ce dispositif
à forte dimension politique. Au final, il est apparu sage
de le proposer aux membres du bureau du conseil d’ad-
ministration et de laisser le président constituer un
vivier dans lequel il choisirait, le moment venu, qui
proposer pour lui succéder. Ce cycle très complet est
composé de sept séminaires répartis sur neuf mois. Les
premiers cycles sont animés par Pierre Caspar,
«un des
Perfectam tourne à plein
régime depuis près d’un quart
de siècle
grands experts français de la formation des adultes, un esprit
brillant capable d’inciter un groupe à donner le meilleur de lui-
même»
, précise Michel Bac. Alain David, fils d’agricul-
teurs d’Ille-et-Vilaine, a créé sa première entreprise
dans le bâtiment à 23 ans. Devenu le plus jeune élu de la
chambre de commerce et d’industrie à 29 ans, il est
remarqué par le Crédit Agricole. Et c’est ainsi qu’il entre
en Caisse locale. Il sera président de la Caisse régionale
de 2002 à 2012. Entre-temps, son président l’a inscrit à
Perfectam :
« J’ai toujours été partant pour aller en forma-
tion, mais j’ai vécu celle-ci d’une manière exceptionnelle. On
a formé une belle équipe. Pierre Caspar, du Cnam, était un
pur de la transmission du savoir. »
Franz Woerly, venu de la Caisse régionale du Morbi-
han, développe, organise et co-anime Perfectam depuis
le « 7 » (chaque cycle porte un numéro de promotion)
après que Michel Bac eut pris d’autres responsabilités
au sein de l’IFCAM.
Perfectam tourne à plein régime depuis près d’un quart
de siècle. Les sessions s’enchaînent sans interruption et
le nombre de participants n’a cessé de croître, dévelop-
pant un esprit « promo » apprécié de tous.
« Lorsqu’un
administrateur prend la parole, je sais s’il a participé à un
cycle Perfectam»
, rapporte un directeur général de
Caisse régionale. Les inscriptions se font naturellement
au fil du renouvellement au sein du bureau des conseils.
Certains présidents de Caisse régionale n’hésitent pas à
inscrire les nouveaux administrateurs très à l’avance.
« J’ai pris ce matin une inscription pour dans… 3 ans »
, pré-
cise Franz Woerly.
UNE FORMULE PÉRENNE ET
UN CONTENU SANS CESSE RENOUVELÉ
« La majeure partie du cycle se passe ici à la Fédé-
ration (où sont aussi les locaux de l’IFCAM), c’est important
du point de vue symbolique de visualiser où s’exercent le
pouvoir et la gouvernance. Tout doit faire sens, rien n’est
laissé au hasard »
, souligne Franz Woerly. Le dernier
séminaire, lui, a toujours lieu dans la Caisse régionale
de l’un des 18 participants. Chaque année, de nouveaux
sujets qui suivent l’actualité ou anticipent les tendances
sont présentés et décodés avec le Groupe. Sur l’en-
semble du cycle, une trentaine d’intervenants internes
et externes sont mobilisés. Depuis 2008, la demande des
élus en matière de connaissance bancaire et de culture
économique est naturellement plus importante. Les
questions sont plus nombreuses et plus pointues.
De même, les réglementations récentes dictées par les
instances de contrôle depuis la crise financière imposent
aux Caisses régionales la création de comités spécialisés
qui renforcent la nécessité de donner aux élus les clés
pour apprécier ces nouveaux impératifs. La responsabi-
lité du conseil d’administration en matière financière
s’est accrue, et Perfectam joue un rôle important de for-
mation face à ces nouvelles exigences.
UNE FORMATION AU SERVICE DU MODÈLE
COOPÉRATIF
Longtemps, les élus de Caisses locales sont
venus en formation à l’IFCAM. En 1992, on a dénom-
bré jusqu’à 550 inscriptions en formation nationale
(mais il y avait aussi 80 Caisses régionales, donc autant
de conseils d’administration). Le calendrier couvrait la
saison hivernale, période de calme dans les champs. Il
pouvait y avoir deux à trois séminaires simultanés.
Des titres alléchants :
« Civilisations, cultures et grands
modèles d’organisation »,
ou bien déjà
« L’avenir de la
banque française : menaces et opportunités »,
un grand
classique…
«D’Internet au multimédia : vers la société de
l’information »
(prémonitoire...), et bien sûr :
«Marchés
agricoles et stratégies des acteurs à l’horizon 2000 »
(Crédit
Agricole oblige…).
De tels séminaires – surtout agricoles – pouvaient réu-
nir près de 30 administrateurs pendant trois à
quatre jours autour d’intervenants éloquents, voire
d’authentiques « tribuns ». Plusieurs générations d’ad-
ministrateurs se souviennent des interventions de
Jean-Louis Lespes, Sabine Monnier, Michel Rud-
nianski, Daniel Haber, Laurent Creton, sans oublier
Serge Alecian, qu’une fois par an ils retrouvaient avec
passion à l’IFCAM.Dans les années 90, les sujets en
vogue étaient très souvent prospectifs, et quelques
administrateurs revenaient parfois une seconde année
réécouter le même intervenant pour vérifier
« si ce qu’il
avait prédit (sic) s’était réalisé »
.
« J’ai connu beaucoup de monde au
Crédit Agricole grâce à l’IFCAM»
«En 1976, j’ai suivi mon premier séminaire à l’IFCAM, et je n’étais qu’administra-
teur de Caisse locale. C’est Henri de Benoist, alors président de la Caisse régio-
nale, qui m’avait permis d’y aller. J’ai eu cette chance. Car ensuite et jusqu’en
1989 j’ai pu suivre deux voire trois séminaires par an. Il y a eu un séminaire sur
la biologie, on y parlait de l’ADN, des choses que l’on ne connaissait pas.»
Et on
rencontrait ses collègues, d’ailleurs:
« J’ai connu beaucoup de monde au Crédit
Agricole grâce à l’IFCAM. Cela m’a permis de me rendre compte que les Caisses
avaient à la fois des différences et des complémentarités importantes. C’était
une ouverture très intéressante ».
Une fois président de l’Association des présidents, il restera attaché à la forma-
tion des élus.
« Le Cycle de perfectionnement des présidents avec les voyages,
c’était aussi de la formation. Et puis il y eut le séminaire annuel de l’Association
initié par François Thibault en 2003 à Bordeaux.»
Luc Démazure a également
aimé transmettre à l’IFCAM:
«J’ai été invité à intervenir dans des séminaires de
managers, pour y expliquer le mutualisme, la coopération, le rôle de l’élu et tout
ce qui concerne le fameux
“quatre yeux”.
Ces rencontres étaient importantes
pour moi».
Mais en tant qu’ancien dirigeant de Caisse, pour lui, la formation
a été un révélateur de l’engagement:
«Je propose un parcours de formation à
un administrateur pour observer sa réaction. S’il réorganise son temps pour se
former, c’est qu’il est prêt ».
Luc Démazure,
betteravier près de Laon
dans l’Aisne, ancien président
de la Caisse régionale de Nord-Est
et de l’Association des présidents.
ENTRETIEN AVEC...
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