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1976-2016 L’IFCAM a 40 ans

Ensemble, formons notre avenir

DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR UNE BANQUE QUI S’ÉMANCIPE

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aidaient à la définition du sujet, à l’organisation à

mettre en place, et les participants avaient un an pour

réaliser leur œuvre.

Lors de la cinquième semaine, chaque partici-

pant présentait son « chef-d’œuvre »

et analysait

alors ce que ce travail lui apportait et en quoi il lui

permettait d’avancer dans sa vie professionnelle.

LE BLUES DU BUSINESS MAN

Starmania,

sorti en 1978, fait un tabac.

« J’aurais voulu être un artiste pour pouvoir dire pourquoi

j’existe »,

chante Zéro Janvier. Des millions de per-

sonnes s’identifient au businessman qui chante dans

cet opéra-rock, pourquoi pas les cadres du Crédit

Agricole ? Pour clore le cursus AP3, chaque partici-

pant doit créer une œuvre personnelle et la soute-

nir devant un jury. Une grande liberté leur est laissée :

œuvre picturale, écriture d’un roman, réalisation d’un

documentaire et même préservation de l’environne-

ment avec la dépollution d’une rivière, bien avant que

l’écologie ne soit à la mode dans les ministères parisiens.

ÉVEILLER ET SENSIBILISER À L’ART

Sélectionnés pour leur culture mais aussi

pour leur capacité à faire partager leurs passions, les

intervenants extérieurs étaient tous prestigieux, ori-

ginaux et incontestés dans leurs disciplines. Ils étaient

véritablement enthousiastes à l’idée d’ouvrir ces parti-

cipants pas comme les autres à la musique, au cinéma,

au théâtre, à l’économie… Parmi eux, Jean-Pierre

Sereni, rédacteur en chef de la revue

Le Nouvel Écono-

miste

, Jean Mambrino, critique de cinéma et de théâtre

et poète, ou encore Jean de Loisy, aujourd’hui direc-

teur du Palais de Tokyo. Leur rôle était d’éveiller, de

sensibiliser les participants à l’art. Comment regarder,

comment apprécier, comment s’étonner ? L’objec-

tif n’était pas la polémique, le travail était réalisé sur

des œuvres connues et relativement classiques pour

rendre l’exercice rapidement efficace.

«On nous disait

“nous visiterons deux salles consacrées

à l’impressionnisme. Vous n’aurez vu que 10% du musée

peut-être, mais vous les aurez vraiment vus” »

, se souvient

Daniel Videlier, responsable du secteur Formation

générale de l’IFCAM. Les participants étaient très

motivés.

« Ils venaient de différentes Caisses régionales.

Ils étaient très investis et passionnés. On avait inventé les

trois demi-journées en une seule journée. Ils bossaient le

matin, l’après midi et après le dîner, week-end compris. »

UNE MÉTHODOLOGIE INÉDITE

« On ne laissait rien au hasard, tout était soi-

gneusement préparé, chaque enseignement enrichissait les

suivants »,

se souvient Michel Bac. Le principe péda-

gogique devait permettre de relier des éléments dis-

parates de la culture.

« Comment je fais le pont entre ce

que vient de m’expliquer ce spécialiste du cinéma, le film

que j’ai vu et ma vie professionnelle ? Tout était prétexte et

raison »,

rappelle Jean Favry.

Comme pour la peinture, l’opéra ou le théâtre, les for-

mateurs et les intervenants allaient donner aux parti-

cipants les clés pour apprécier en quoi une réalisation

artistique pouvait être considérée comme une œuvre

majeure.

«Mais apprécier certaines œuvres n’allait pas

forcément de soi »,

raconte Daniel Videlier. Lors d’une

séance consacrée au septième art, il fut décidé d’aller au

cinéma Le Pasquier, non loin de la Fédération. On y

projetait

L’Arbre aux sabots .

Nous sommes en 1978 et

le film d’Ermanno Olmi vient de recevoir la Palme d’or

à Cannes. Le chef-d’œuvre, sombre et réaliste retrace

l’histoire de quatre familles de paysans pauvres dans une

grande ferme en métairie à la fin du

XIX

e

siècle, en Italie.

A priori,

pas enthousiasmant pour qui n’a connu que

la comédie.

« J’ai rattrapé deux participants un peu cabots

qui s’esquivaient pour voir le dernier Louis de Funès

projeté dans l’autre salle »,

se souvient en riant Daniel

Videlier. Pour lui qui avait commencé sa carrière dans

le cinéma et avait produit quelques grandes affiches,

l’anecdote a une saveur particulière !

LA CULTURE SE DÉMOCRATISE,

AP3 S’EFFACE NATURELLEMENT

Si pour certains, visiter une galerie ou assis-

ter à un concert était une première, tous repartaient

avec une nouvelle assurance et la conscience que le

regard sur l’art est plus affaire de sensibilité que de

classe sociale.

« J’avais une belle expérience et on m’a

donné les clés pour ouvrir chez moi certaines capacités »

,

confiera un participant.

Mais à l’aube des années 90, AP3 est une formation

ambitieuse et chère que certains jugent trop élitiste.

Les jeunes diplômés font leur apparition et l’on

recrute des commerciaux à bac +2 que l’on formera

dans l’entreprise. AP3 s’efface devant l’apprentissage,

l’alternance et les médias qui ont démocratisé l’accès à

la culture et familiarisé le public avec les concepts de

base de la communication.

AP3, RÉVÉLATEUR DE TALENTS

L’épreuve artistique finale révélera un participant tellement doué pour la peinture

qu’il deviendra artiste professionnel et… quittera la banque !

Formation intensive et hautement qualitative, AP3 permit au Crédit Agricole de négocier

un réel tournant dans son développement. AP3 a transformé la vie de nombreux cadres

et la fidélité à l’entreprise s’en est trouvée renforcée. L’aventure aura duré 10 ans.

Le saviez-vous ?

Chaque participant doit créer

une œuvre personnelle

et la soutenir devant un jury

L’arbre aux Sabots,

Palme d’or 1978, film

sur lequel les participants

d’AP3 ont dû se pencher.

C I N É M A