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LE PAYS DU COGNAC

219

Or, les eaux:-de-vie, cotnme le vin du reste , contiennent toutes

ces substances. Voilà donc des boissons extrèmement dangereuses, et d 'autant

plus qu'elles sont de meilleure qualité

!

Les expériences que je viens de résun1er ont été faites sur le

lapin et le cobayed 'une nlanière fort singulière; j'ad1nets, néanmoins que leurs

résultats sont exacts et applicables

à

l'ho1nn1e. Que peut-on en conclure? Ici

je laisse parler l'én1inent directeur de l'Institut Pasteur, M. Duclaux:

«Peut-être les physiologistes qui ont fait ces expériences auraient–

ils dû, en les produisant, et au lieu d 'insister sur leur signification tragique ,

faire remarquer eux-mêmes qu'elles ne pouvaient servir

à

autre chose qu'à

ceci : 1nontrer que les diverses substances étudiées ne s'équivalaient pas au

point de vue de leur action sur l'organisn1e, etque quelques-unes pouvaient

tuer, à faible dose, l'animal sur lequel on les essayait. Mais de là

à

conclure

que, ingérées après dilution dans les boissons, elles peuvent être dangereuses,

il y a loin, et la preuve, c'est que nous conso1nn1ons tous les jours, sans

trouble, et même avec quelque satisfaction, des substances qui nous tueraient

si on les absorbait à l'état concentré ou si on les inoculait dans les veines. Il

y a du poison .:!ans notre thé, dans notre café, dans notre bouillon, d 'où on

peut retirer une substance, la peptone, qui devient mortelle quand on l' introduit

dans la circulation générale. La viande, le poisson renferment des alcaloïdes

dangereux, et on ferait fuir le physiologiste le plus convaincu en lui proposant

de lui injecter dans les Yeines la quantité de vinaigre ou même d 'huile qu'il

consomme tous les jours dans la salade. Il sait nlieux que personne quelle est

l'importance de la question de dose, celle de sa porte

d'entr~e,

et toutes deux

se trouvent souvent méconnues.

« Mais ceux qui les nléconnaissent méritent un autre reproche

d'ordre plus général. Ils n'ont pas collationné les chiffres fournis par

l'expérience et ont aussi méconnu la disproportion énorme qu'il y a entre

l'équivalent toxique et le poids de liqueur qui pouvait le fournir. Ils ont dit

par exemple : le furfurol est dangereux; il y en a dans le rhu1n; donc le rhum

est dangereux. li aurait fallu y regarder de plus près.

« Dirait-on: l'acide carbonique est mortel

à

qui le respire; il

y

en

a dans l'air, donc l'air est mortel? C'est pourtant le mê1ne raisonnement que

pour le furfurol. On peut même le creuser davantage. D'après les chiffres

ci-dessus, la dose mortelle est de o gr. 14 par kilogran11ne de lapin. En

admettant que sa toxicité soit la même pourl'ho1nn1e, il en faudrait ro gran1n1es

environ pour un adulte de

70

kilogra1nmes. Adn1ettons qu'ingéré par la

bouche, il soit aussi dangereux.que par voie intraveineuse; il est loin d 'en être