Table of Contents Table of Contents
Previous Page  296 / 336 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 296 / 336 Next Page
Page Background

280

LE

PAYS

DU COGNAC

marchés. Les comptoirs des négociants étaient également visités par leurs

vendeurs attitrés. Le

2•

samedi de chaque mois c' était la foire, et quin1.e

jours après le grand marché. Ces jours là, il

y

avait encore plus d 'affiuence

que les samedis ordinaires.

Les foires de toute la région étaient d ' ailleurs régulièren1ent

fréquentées par les négociants ou leurs agents et par les propriétaires ayant

de l'eau-de-vie

à

vendre.

A la Rochelle, il existait une

Bourse de Conunerce

instituée par

J"Etat ,

à

laquelle étaient attachés des

courtiers en 111arclza11dises

ayant

« charges

»

achetées con1me celles des agents de change, jusqu'à la loi qui

rendit, en

r

867, le courtage

1

ibre, et qui an1ena au bout de quelques années la

disparition de ces usages locaux.

On

y

arrêtait et publiait deux fois par se1naine, le n1ercredi et le

samedi , la cote des Eaux-de-vie, d'après les prix des n1archés passés par

l'entremise des courtiers asser1nentés , et les négociants rochelais, très fidèles

à

leurs vieilles traditions bourgeoises et demeurés jusqu' alors très for1nalistes,

ne manquaient pas ces jours-là, en chapeau haut de fonne, redingote noire,

la canne

à

pomn1eau d'or

à

la main, de se rendre

à

la

Bourse

pour voir la cote

et causer affaires entre eux.

Tout cela est entré n1aintenant dans le domaine du passé. Les

grands stocks qui existaient alors

à

la propriété se sont peu

à

peu écoulés et

ont pern1is au comn1erce de traverser la période phylloxérique; les

bouilleurs

de

cru

ont disparu en attendant qu 'avec notre production viticole grandissante

ils reviennent - ce qui ne tardera guère - ; et si les foires sont encore

fréquentées à certaines époques de l'année, c'est après la récolte, au n1on1ent

de l' achat des vins par les agents du commerce.

La distillation est en effet aujourd'hui presque toute entière entre

les 111ains de celui-ci.

Le petit propriétaire ruiné, replantant peu

à

peu quelques

hectares de Yignes, au prix des plus lourds sacrifices, a chaque année besoin

de réaliser imn1édiatement sa récolte pour faire face à ses dépenses e t

rentrer dans ses frais. Le n1oyen ou le gros propriétaire a lui-mên1e des

frais considérables qu ' il est heureux de pouvoir récupérer par une vente

annuelle de son vin: celui-ci est encore trop cher et dans certains rayons la

reconstitution n'est pas suffisan1n1ent avancée pour que le spéculateur, le

propriétaire-bouilleur

puisse songer à re1nplir ses chais, en attendant une

hausse dans les prix lui pern1ettant de faire une opération fructueuse.