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LE
PAYS DU COGNAC
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Les négociants ont donc dù faire installer à leurs frais dans tous
nos centres de production viticole de grandes distilleries, où sont an1enés
et
brûlés pendant les quatre ou cinq n1ois d'hiver- il en est qui fonctionnent
jusqu'au mois de niai - les milliers et les milliers de barriques de vin achetées
par leurs agents, et qui, une fois conYerties en Eaux-de-vie, viennent constituer
les immenses réserves dont le con1merce a du prendre la charge pour
remplacer les approvisionne1nents en Eaux-de-vie rassises, qu'il était sûr
autrefois de trouver chez les propriétaires.
Ce sont du reste ces g rosses réserves - qui se reforn1eront
certainement dans l'avenir lorsque l'abondance des récoltes dépassera Jes
besoins du co1nn1erce - qui, cornme nous l'avons déjà indiqué, ont per111is
aux négociants charentais de n1aintenir leur courant d'affaires avec !'Etranger
et avec la France pendant la période phylloxérique.
On ignore généralen1ent quelle était la situation exacte de la
prodUCtion et du C0111 n1erce, au 111on1en t de J'apparition d
LI
fl
éa
li .
D'après les statistiques publiées par le Ministère de !'Agricul–
ture, il y avait dans les Charentes en 1875 , 266.212 hectares de vignes en
production : l'Adn1inistration des contributions indirectes en indiquait
282.667 en 1877.
La production variait de 3o à 5o hectolitres à l' hectare : en
moyenne, de 1860 à 1875, on peut estimer de 8 à 9 millions J]1ectol itres la
production annuelle
de
vins dans les deux départen1ents.
Or, d'une statistique, établie par le Co1n1nerce de Cognac, il
résulte que, de 1861 à 1880, c'est-à-dire pendant une période de vingt ans, la
production totale des Eaux-de-vie de vins a été dans les Charentes de 12
millions 682.246 hectolitres. Pendant cette mên1e période, le relevé des expé–
ditions donne un chiffre total de 5 millions 921.480 hectolitres: c'est-à-dire
que plus de la moitié du produit de la distillation de nos Yins était restée
dans le pays, soit entre les mains des propriétaires eux-n1ên1es dont tout
l'orgueil consistait à posséderdevieux tierçons poussiéreux pleins d'Eaux-de-vie
conservées jalousement et qui constituaient le plus souvent une fortune, soit
dans les 1nagasins de propriétaires-négociants, devenus de véritables
spéculateurs, qui employaient leurs capitaux
à
accun1uler de gros stocks,
dans les années d'abondance et par conséquent de baisse, et revendus
au commerce au fur et
à
1nesure de ses besoins dans les années de mauvaise
récolte, et par conséquent de hausse.
Comn1e l'a très justen1ent écrit dans un Mé1noire présenté à la
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