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LE

PAYS DU COGNAC

281

Les négociants ont donc dù faire installer à leurs frais dans tous

nos centres de production viticole de grandes distilleries, où sont an1enés

et

brûlés pendant les quatre ou cinq n1ois d'hiver- il en est qui fonctionnent

jusqu'au mois de niai - les milliers et les milliers de barriques de vin achetées

par leurs agents, et qui, une fois conYerties en Eaux-de-vie, viennent constituer

les immenses réserves dont le con1merce a du prendre la charge pour

remplacer les approvisionne1nents en Eaux-de-vie rassises, qu'il était sûr

autrefois de trouver chez les propriétaires.

Ce sont du reste ces g rosses réserves - qui se reforn1eront

certainement dans l'avenir lorsque l'abondance des récoltes dépassera Jes

besoins du co1nn1erce - qui, cornme nous l'avons déjà indiqué, ont per111is

aux négociants charentais de n1aintenir leur courant d'affaires avec !'Etranger

et avec la France pendant la période phylloxérique.

On ignore généralen1ent quelle était la situation exacte de la

prodUCtion et du C0111 n1erce, au 111on1en t de J'apparition d

LI

fl

éa

li .

D'après les statistiques publiées par le Ministère de !'Agricul–

ture, il y avait dans les Charentes en 1875 , 266.212 hectares de vignes en

production : l'Adn1inistration des contributions indirectes en indiquait

282.667 en 1877.

La production variait de 3o à 5o hectolitres à l' hectare : en

moyenne, de 1860 à 1875, on peut estimer de 8 à 9 millions J]1ectol itres la

production annuelle

de

vins dans les deux départen1ents.

Or, d'une statistique, établie par le Co1n1nerce de Cognac, il

résulte que, de 1861 à 1880, c'est-à-dire pendant une période de vingt ans, la

production totale des Eaux-de-vie de vins a été dans les Charentes de 12

millions 682.246 hectolitres. Pendant cette mên1e période, le relevé des expé–

ditions donne un chiffre total de 5 millions 921.480 hectolitres: c'est-à-dire

que plus de la moitié du produit de la distillation de nos Yins était restée

dans le pays, soit entre les mains des propriétaires eux-n1ên1es dont tout

l'orgueil consistait à posséderdevieux tierçons poussiéreux pleins d'Eaux-de-vie

conservées jalousement et qui constituaient le plus souvent une fortune, soit

dans les 1nagasins de propriétaires-négociants, devenus de véritables

spéculateurs, qui employaient leurs capitaux

à

accun1uler de gros stocks,

dans les années d'abondance et par conséquent de baisse, et revendus

au commerce au fur et

à

1nesure de ses besoins dans les années de mauvaise

récolte, et par conséquent de hausse.

Comn1e l'a très justen1ent écrit dans un Mé1noire présenté à la

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