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LE PAYS DU COGNAC
Société des Viticulteurs de France,
notre excellent a1ni M. Albert Verneuil,
l'un des Maîtres de la Viticulture charentaise, celui que sans porter on1brage
à
personne je n·hésite pas
à
qualifier de
«
pren1ier vigneron des Charentes »,
ces négociants spéculateurs, se livrant uniquen1entà des opérations sur place,
étaient aussi bien vus des propriétaires que des con1n1erçants. Aux heures
d 'abondance, ils rendaient service aux premiers en empêchant, par leurs
achats, une baisse exagérée. En revanche, en jetant sur le 111arché dans les
années de disette une partie de leurs stocks, ils empêchaient une trop forte
hausse des cours, qui eût co1nplèternent entravé le commerce et paralysé les
affaires. Ils étaient en soinme les n1odérateurs des cours.
Tant il est vrai que les intern1édiaires ont leur utilitécon1n1e leur
raison d' être, et que c'est non pas seule1nent un rêve creux, n1ais une ineptie
éconon1ique, dénotant l'ignorance absolue des lois les plus élé1nentaires, que
de vouloir les supprin1er. Ils représentent des services : or, les services
s'échangent contre des services, disait Bastiat, et tout les services ont droit
à
un salaire, sous forme de salaires propre111ent dits, ou sous fonne de gains.
Avec cet excédent énorn1e de la production sur le chiffre des
expéditions annuelles, que serait-il arrivé un jour
?
Ou un krack énonne,
amenant la ruine de tous ceux qui avaient cru bien faire en accu1nulant des
approvisionnen1ents aussi considérables ; ou le con1n1erce, ne se contentant
plus de suivre les sentiers battus et de ne faire des affaires que dans les pays
comme l'Angleterre où les habitudes établies, les relations anciennes, leur
procuraient un débouché facile et certain, aurait résolument cherché
à
étendre
le cercle de sa clientèle dans de nouveaux pays de consornmation.
A ce point de vue, il est juste de le reconnaître, de très louables
efforts ont été tentés au fur et
à
mesure que, dans ces quinze ou vingt derniè–
res années, le nombre des 1naisons établies
à
Cognac augmentant sans cesse,
celles-ci ont du chercher
à
se créer des débouchés nouveaux.
No1nbreuses sont les maisons, de date relativement récente, qui
ont eu
à
la faveur de certaines circonstances une fortune rapide.
li
ne serait séant d'en citer aucune: peut-être toutefois me sera-t-il
permis de mentionner au passage le nom d'un négociant, aujourd'hui décédé,
qui a donné au cours de sa laborieuse carrière, un exemple remarquable
d'activité con1n1erciale en mê1ne ternps qu'il sût user de sa fortune pour se
n1ontrer un arnateur éclairé et passionnè des beaux-arts: M. Pellisson père.
Mais nous ne devons pas perdre de vue que nous avons laissé le
vignoble aux trois quarts détruit par le phylloxera. De 1881à1890, grâce aux