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L'ART DE COMPOSER
f
tat d'un mélange d'esprit, d'eau et de sucre,,
chargés les uns ou les autres de substances
aromatiques , dont le nombre et les espèces
sont si multipliés , que ce serait chose inu–
tile que d'en exposer ici la nomenclature ; il
nous reste
à
parler de
la
manièi'e de procé–
der au mélange de ces trois iugrédiens. Il pst
rare que ce mélange se fasse
à
chaud, la cha–
leur pouvant exalter les parties aromatiques
qu'il est essentiel de conserver. Quelques–
uns se contentent de I}1ettre dans un
se~l
et
înéme vase les ingrédiens dans leur dose res–
pective, et de les agiter pendant plusieurs
jours, jusqu'à ce que le sucre étant fondu,
on ne doute plus que le mélange est parfait;
d'autres sachant que le sucre se résout d'au–
tant plus difficilement dans l'eau , que cette
eau est combinée avec l'esprit, prennent
la
peécaution de dissoudre leur sucre dans
la
quantité d'eau qui doit entrer dans le rnélan
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ge; mais, soit que l'}lsage, soit que la réfle–
~ion
ait éclairé Jes liquoristes, ils se sont
aperçus que le sucre, fondu de ces deux ma–
nières, ne communiquait point aux liqueurs
ce velouté, cette saveur couverte qui en re–
célant, pour ainsi dire, celle de l'esprit, rend
les liqueurs plus savoureuses, plus délicates,
et plus fines; c'est qu'en effet, par la simple