DES LIQUEURS,
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son, qu'un peu d'anis vert et de fenouil font disparaitre
la petite odeur de punaise que l'on reproche
à
la badiane;
l'ambre seul ne donne presque pas de parfum : une mi..
nime quantité de musc lui donne le relief nécessaire;
seul, le coing est désagréable, un peu de girofle relève
et corrige i:;on odeur; l'arrière-goût de la cannelle est
corrigé de même par le girofle; la vanille, pilée avec du
sucre, a plus d'arome que si on ne la triturait pas avec
celte substance, el l'ab11inlhe elle-même troun sa place
dans les liqueurs, .pourvu que le zeste de citron, s'as–
sociant à son parfum, en fasse disparaître l'amertume.
L'exactitude des principes que nous posons a donné
lieu, en
17:S8,
à
un système qui prétendait qu'on pouvait
composer autant de liqueurs que d'airs de musique.
M. le Camus, dans son ouvrage intitulé
la Médecine
ck
l'uprit,
avait déjà pensé qu'il serait possible d'établir
une musique savoureuse, analogue à la musique acous–
tique; l'auteur de la
Chymie du goût et
ck
l'odorat
a dé-
1eloppé cette idée, et comme cela peut être pins utile
qu'il ne le paraît au premier coup d'œil, nous
expos~rons en peu de mots le senliment de cet auteur.
•L'agrément des li'lueurs, dit-il, dépend du mélange
des sa,·eurs dans une proportion harmonique. Les
saveurs consistent dans les vibrations plus ou moins
fortes des sels, qui agissent sur les sens du goût comme
les sons consistent dans les vibrations plus ou moins
fortes de l'air qui agit sur les sens de l'ouïe :
il
peut
donc
y
avoir une musique pour la langue et le palais,
comme
il
y
en a pour les oreilles. Il est très-vraisembla–
ble que les saveurs, pour exciter différentes sensations
dans l'âme, ont, comme les corps sonores, leurs tons gé-