DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR UNE BANQUE QUI S’ÉMANCIPE
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lieu de travail, y compris dans les zones rurales recu-
lées, à leur rythme et sans avoir besoin de les faire
«monter à la capitale » ?
LA SOLUTION: L’AUTO-FORMATION
ASSISTÉE PAR ORDINATEUR
L’IFCAM est aussitôt mandaté pour conduire
une étude sur les perspectives qu’offre l’EAO pour
résoudre ce problème. Elle sera dirigée parMarie-France
Reinbold, alors ingénieur pédagogique à l’IFCAM.
L’étude va conclure à l’intérêt majeur de l’EAO pour le
suivi des formations techniques, à condition de mettre
en œuvre une organisation adaptée au contexte spéci-
fique des enseignements bancaires à destination des
adultes. Les résultats de cet important travail de recherche
et ses applications vont apporter une
nouvelle dimen-
sion à la formation des adultes
en entreprise.
LE MEILLEUR DE LA TECHNOLOGIE
ET DES ÉQUIPES IMPLIQUÉES
Des experts passionnés travaillent sur le
projet de l’IFCAM :
Claude Pouplard, directeur des
ressources humaines de la Caisse régionale de la
Somme, Philippe Vernier et ses collaborateurs pour
Control Data, le Centre d’étude supérieur du manage-
ment pour l’exploitation statistique, des responsables
de formation du Groupe…Côté IFCAM, Marie-France
Reinbold crée en plus une méthode d’écriture des
«didacticiels » (nom donné aux programmes d’ensei-
gnement) dont les fondamentaux sont rapidement
repris par la plupart des éditeurs de didacticiels.
TOUT EST MAINTENANT PRÊT
POUR TESTER L’EAO SUR LE TERRAIN
L’objectif :
mesurer l’efficacité pédagogique
en entreprise et observer le comportement des acteurs
en situation. Très impliquée, la Caisse de la Somme se
porte volontaire et trois groupes tests de 115 salariés se
prêtent à l’expérience durant l’hiver 1979-1980.
PROMETTEURS, LES RÉSULTATS
MONTRENT AUSSI LES LIMITES DE L’OUTIL
1 - L’EAO est aussi efficace que la formation tradi-
tionnelle,
avec toutefois un gain de temps sur la
durée globale. Le temps d’acquisition des connais-
sances est très inférieur (de moitié), même sans tenir
compte des temps de déplacement.
2 - L’EAO est utilisé de façon optimale
lorsqu’il fait
partie d’un ensemble combinant d’autres moyens,
chacun selon sa contribution spécifique.
3 - L’EAO ne fonctionne bien que si l’encadrement
organise l’accès à l’écran,
et s’il mène les actions de
communication et de motivation appropriées. Le
travail sur les conditions d’insertion est décisif.
Autre enseignement : lorsqu’elles sont formées par
l’EAO, les personnes peu habituées à s’exprimer en
groupe et pas toujours à l’aise dans des sessions de
formation se trouvent à égalité avec les personnes
très à l’aise en groupe.
« L’EAO est interactif, on n’est
pas passif par définition, cela favorise l’intériorisation »
souligne Claire Meunier-Thouret.
4 - Enfin l’EAO s’avère précieux
pour préparer des
groupes de niveau homogène dans le cadre d’une
session de formation classique.
DÈS 1982, LES DEUX TIERS DES CAISSES
RÉGIONALES UTILISENT L’EAO
Le succès est au rendez-vous. Un contrat est
signé avec Control Data et plus de 1 000 micro-ordi-
nateurs dédiés sont installés. Des « control data micro
PLATO», qui n’ont de
micro
que le nom car ils pèsent
encore plusieurs kilos chacun, sont mis à la disposi-
tion des agents du réseau.
Un planning établi en concertation entre le respon-
sable de formation et le directeur d’agence permet à
chaque agent de se former au moment où il en a besoin
et à son rythme.
En cinq ans, plus de 100 didacticiels d’une heure et
demie, appelés aussi « dialogues », sont écrits : calcul
de l’impôt sur le revenu, chèque sans provision, fisca-
lité des obligations, logique de la comptabilité, Carré
vert et Carré vert à rente ou encore ouverture de
compte aux mineurs...
« Nous suivions un guide très précis pour
écrire des didacticiels captant l’attention de l’apprenant
tout au long du parcours,
se souviennent Claire
Meunier-Thouret et Christian Buret :
Il fallait respec-
ter un guide, conserver un rythme, varier les exercices
pédagogiques : QCM (questions à choix multiple), ques-
tions ouvertes, animations… C’était un énorme chantier :
pour un didacticiel d’une heure, un mois de travail pour
l’auteur en Caisse régionale et un à cinq jours de correc-
tions par les deux responsables à l’IFCAM étaient néces-
saires. Ensuite seulement venait l’informatisation. »
Une méthode d’écriture devenue
référence pour la plupart des éditeurs
«Nous suivions un guide
très précis pour écrire des
didacticiels captant l’attention
de l’apprenant tout au
long du parcours»
1976-2016 L’IFCAM a 40 ans
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