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COPENHAGUE

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EN VENTE: C o p e n h a g u e : Q. E. C. Cad, 32, Vimmelskaftet. P a r is : A. Charles, 8, rue Monsieur-le-Prince.

P R I X : DANEMARK: 1 Kr. 50. - F ran ce : 2 Eres. 50.

TOUS DROITS RÉSERVÉS.

K0BENHAVNS r A d h u s b ib u o t e k

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COPENHAGUE LA CAPITALE DU DANEMARK PUBLIÉ PAR L’UNION DANOISE DES TOURISTES

COPENHAGUE MDCCCXCVI1I.

COUVERTURE, GARDE, VIGNETTES ET FRISES, COMPOSITIONS DE M. GERHARD HEILMANN

ILLUSTRATIONS D’APRÈS DES PHOTOGRAPHIES DANOISES

REPRODUCTIONS PAR MM. GALLE & AAGAARD, F. HENDRIKSEN, BERNH. MIDDELBOE ET G. PAULI, COPEN­ HAGUE © TRADUCTION FRANÇAISE PAR M. PIERRE OESTERBY © PAPIER DES FABRIQUES DE FREDERIKSBERG © LITHOGRAPHIE DE LA CARTE, IM­ PRESSION, BROCHAGE ET RELIURE PAR L’IMPRIMERIE CENTRALE A C O P E N H A G U E

POUR L’UNION DANOISE DES TOURISTES RÉDIGÉ PAR M. FRANZ DEJESSEN

P R E F A C E . Ce petit livre est publié par l’Union Da­ noise des Touristes : mais c’est grâce au puissant concours de l’Etat, du Conseil Municipal, de nombreuses institutions et de généreux industriels dont les noms figurent dans la liste des souscripteurs, que l’Union Danoise des Touristes a pu faire paraître cet ouvrage dans des conditions dignes de de l’esprit d’initiative et du développement intellectuel des Danois. A l’exception du chapitre si importait . sur les monuments et curiosités de Copen­ hague, du à plusieurs de nos savants, ce livre est entièrement l’œuvre dejo u r n a lis t e s d a n o is , qui sous la rédaction de Monsieur F ran z de J esse n ont bien voulu mettre leur plume et leur talent à la disposition de l’Union Danoise des Touristes. Ce modeste livre que nous lançons à travers le monde, a pour objet de fa ire connaître le Danemark et sa capitale, et d ’appeler ainsi l’attention sur notre pays, notre peuple et notre civilisation. Notre but est de fa ire savoir à tous dans l’ancien et dans le nouveau continent, com­ bien il est facile de visiter notre belle patrie qui,- à tant de titres, vaut bien la peine d ’un voyage. L’Union Danoise des Touristes.

Quand la jeune fille commença la ritournelle du vieil air national : D a n e m a r k , avec tes c hamps et tes p r a i r i e s s p l e n d i d e s . . . on eût dit que grand’mère elle-même de son souffle chevrotant et casse, évoquait sur l’horizon en face les verts pâturages, les blés mouvants, la nature large et lumineuse. (A. Daudet, L’Evangéliste.)

Nulle part peut-être on ne voit de forêts de hêtres aussi belles et aussi majestueuses qu’en Danemark; nulle part elles n’ont un feuillage si frais et si tendre. Quand on voyage dans la Séeland, on rencontre souvent ce paysage : une plaine où paissent les génisses, où le moulin à vent tourne ses larges ailes; un bois profond sillonné par quelques avenues irrégulières, mystérieux et attrayant, couvert en certains endroits de grandes ombres', et plus loin traversé par des flots de lumière qui inondent le feuillage. - — Au pied du bois est le lac où le bouvreuil vient boire, où les rameaux d’arbres se mirent avec les rayons du soleil couchant, et près de là on aperçoit l’habitation champêtre qui élève timide­ ment son toit de chaume au-dessus de la haie d’aubépine, et l’église en briques bâtie sur le modèle des anciennes églises anglo-saxonnes, avec sa tour carrée massive, et son clocher taillé au sommet comme un escalier. (X. Marinier, Lettres sur le Nord, 1840.)

J ’ai conclu de toutes mes prome­ nades, et spécialement de celle d'aujourd'hui, que le Danemark a résolu le problème: avoir de majestueuses forêts et une culture très perfectionnée, de beaux ombrages et de belles moissons. (J.-M. Dargaud, Voyage en Danemark, 1861.)

En sortant de ce musée unique dans son genre [le Musée ethnogra­ phique de Copenhague], je me demandais si en France nous avions quelque chose d’analogue, et si nous ne devrions pas au plus tôt fonder une collection dont les enseignements sont si attrayants et si profitables. (Esquisses Scandinaves, 1875, par Ém. Guimct, fondateur du Musée Guimet à Paris.)

Ce qui m’a le plus frappé, lorsque j’ai visité le jardin de Tivoli à Copenhague, c’est le calme des spectateurs quand le rideau du théâtre tarde à se lever. Les Danois donnent ainsi une leçon de patience dont on peut faire son profit aussi bien dans les choses de la science que dans celles de la politique. — Un grand précepte de la sagesse humaine n’est il pas de savoir attendre! L. Pasteur. Paris 1893.

LES ITINÉRAIRES POUR COPENHAGUE. A première question que se pose un voyageur est celle-ci: »Quelle est la durée du voyage et que coûte-il? « Si Tunique but de votre voyage est le Danemark même, vous trouverez la réponse à ces questions sur la carte jointe à ce livre. Les voies les plus rapides, les plus commodes et les plus agré­ ables y sont indiquées par des grosses lignes rouges; les lignes fines indiquent d’autres itérinaires, moins directs, agré­ ables aussi, mais moins bien desservis par les express. Au verso de la carte se trouvent toutes les indications relatives aux dépenses. Vous verrez aisément que le prix et la durée d’un voyage entre certaines villes et Copenhague sont indiqués sur des roues de chemin de fer pour les trajets qui s’accom­ plissent généralement par terre et sur des roues de gouvernail pour les voies de mer. Venant du sud on peut pénétrer en Danemark suivant trois directions différentes: par H am bourg—Vamdrup ou H am bourg — K iel — Korsœr, ou bien enfin par R ostock — Warnemünde — G jedser. Ces trois voies sont celles où les communications quotidiennes sont les plus fréquentes. Il y a en outre encore les transports par mer de Lubeck et de Stettin à Copenhague . Votre choix étant fixé vous vous demanderez peut-être ce qu'il convient de faire et quels avantages s’offrent au voyageur qui a franchi la frontière danoise. Nous allons tâcher de ré- 5 -

LES ITINÉRAIRES POUR COPENHAGUE.

pondre par une brève description des moyens de communi­ cation employés en Danemark. Le nombre des étrangers de toutes nationalités qui visitent le Danemark étant chaque année de plus en plus grand, il est naturel que les moyens de communication se soient développés en proportion. Ils sont, à presque tous les égards, au niveau des perfectionnements modernes que l’on trouve dans les centres les plus fréquentés de l’Europe. Les chemins de fer appartiennent pour la plupart à l'Etat et, le Danemark étant un pays d’îles, il est tout naturel que l’Etat possède aussi les navires qui relient entre elles les lignes aboutissant au bord de la mer, des fjords et des belts. A cet égard le Danemark est même à la tête des pays européens, car ses bacs à vapeur sont de vrais modèles de construction et de commodité. Rapides, se comportant bien en mer, ces bacs peuvent transporter sur leur pont muni de rails une charge considé­ rable de wagons: ce qui les a fait comparer par les étrangers à des »gares flottantes «. Le voyageur le plus difficile y trouve tout ce qu’il peut désirer: Salle à manger, salons pour dames et messieurs, cabinets de toilette, fumoir sur le pont, et un excellent promenoir sur les tambours des roues: le tout amé­ nagé dans des conditions de comfort parfait. Les voies ferrées en Danemark ayant une largeur de l ni 4 35, les wagons de la plupart des Etats peuveut y circuler et, au moyen des bacs à vapeur, des voitures et même des trains entiers viennent de l’étranger jusqu’à Copenhague. Aussi n’est-il pas rare de rencontrer à la gare de Copenhague le train royal d’Angleterre ou le train impérial de Russie; bien souvent on y verra les voitures de la »Société Internationale des Wagons-Lits « Les chemins de fer de l'Etat danois ont en ces dernières années fait construire pour les grands express communiquant avec l’étranger un certain nombre de nouveaux wagons amé­ nagés avec tout le luxe moderne. Ces wagons, dont le nom-

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LES ITINÉRAIRES POUR COPENHAGUE.

BAC À VA­ PEUR DANOIS

bre augmente chaque année, sont de longues voitures mon­ tées sur deux »trucks « à quatre roues et construites, soit d’après le système américain »Pulmann « avec couloir inté­ rieur au milieu, soit d'après le système autrichien »Mann« avec couloir intérieur sur l’un des cotés ou enfin suivant le système anglais. Pourvus de compartiments clairs, hauts, spacieux, munis de cabinets de toilette et de water-closets, ces wagons roulent sans bruit et sans trépidations. Les trains directs et les express des chemins de fer de l’Etat atteignent à peu près les mêmes vitesses que les trains corres­ pondants du continent européen et la traversée du Danemark, effectuée dans ces grands trains, tous éclairés à l'électricité, chauffés l’hiver à la vapeur, munis des meilleurs freins auto­ matiques, est incontestablement un voyage d’agrément. Voyons maintenant les différentes voies qui aboutissent à Copenhague. Passant par Vamdrup, vous aurez une bonne occasion de voir une partie fort intéressante du Danemark, notamment l’excellente plage de Fanœ sur la mer du Nord et les antiques lieux historiques du Jutland dont vous trouve­ rez plus loin une description détaillée. Pour ceux qui dési­ rent arriver rapidement à Copenhague, cette route offre deux express directs par jour. On parcourt la partie méridionale du Jutland jusqu’à la ville de F réd éricia, point de jonction des chemins de fer du Jutland; puis on traverse les îles de Fionie et de Séeland jusqu'à Copenhague, la traversée du »Petit Belt«, entre le Jutland et la Fionie et da » Grand Belt «, entre

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la Fionie et l’île de Séeland, s’effectuant au moyen des bacs à vapeur. A Frédéricia, ainsi que sur le bac qui fait la traversée du Grand Belt, on a tout le loisir de prendre ses repas et même, suivant son tempérament, de se reposer ou de prendre un salu­ taire exercice. Bien installé dans le train, le touriste voit se dérouler à ses yeux le grandiose panorama des paysages danois, si caractéri­ stiques, depuis les silencieuses landes, arides et seulement re­ couvertes d’un tapis de bruyère, jusqu’aux fjords et aux belts

FILLE DE L’ÎLE DE FANŒ

bordés de magnifiques forêts. Sur la côte Est du Jutland et dans les îles, l’œil rencontre partout de belles terres cultivées, de coquets châteaux, de grands et riches villages. Cette route a plutôt le caractère d'un voyage par terre, les bacs qui font la traversée du Grand Belt étant de très grandes dimensions. Les autres voies au contraire sont plus ou moins des trajets maritimes. Le voyage le plus court entre H am bourg et Copen­ hagu e se fait par chemin de fer jusqu’cà Kiel, par bateau de K iel à Korsœ r, et par train express de Korscer à Copenhague. il y a sur ce parcours deux express par jour, l'un de jour, très rapide, et l’autre de nuit, très commode. S’effectuant le long des côtes des îles, et les navires étant excellents, la tra­ versée est des plus agréables. Les correspondances faciles avec les grands express qui rayonnent de Hambourg vers les di­ verses régions de l’Europe font de cette ligne une des voies principales. Le service de Lubeck à Copenhague a lieu une fois par jour par de bons navires qui rangent de très près les

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LES ITINÉRAIRES POUR COPENHAGUE.

hautes falaises crayeuses de l’île de Moéen. La grande ligne R ostock — Warnemiinde—G jedser est quotidiennement desser­ vie par deux express directs. Les navires qui font encore la courte traversée seront prochainement remplacés par de grands bacs à vapeur, ce qui permettra de faire circuler sur ce par­ cours des trains directs entre H am bourg—Copenhague et B erlin — Copenhague. Le trajet de G jedser à Copenhague est déjà desservi par d’excellents express. Le transport de Stettin à Copenhague s’effectue plusieurs fois par semaine sur de superbes navires directs qui longent les îles de Rügen et de Mœen. Enfin pendant l’été il existe aussi un service de bateaux à vapeur, de Stettin à Copenhague, passant par l’intéressante île de Bornholm, décrite dans un des chapîtres suivants. Comme on le voit, il y a de nombreuses façons de combiner un itinéraire des grandes villes européennes à Copenhague, et il serait trop long de les énumérer toutes. Je me restreindrai donc à renvoyer, pour le reste, aux indications que donne la carte annexée à ce livre. Tous ceux qui désirent faire une pittoresque excursion, très intéressante et relativement peu coûteuse, pourront se convaincre qu’il est aisé de visiter sans fatigue et sans grandes dépenses le Danemark et sa capitale. C. Fabricius, Chef du Bureau des Voyages circulaires des chemins de fer de l’Etat.

EN ROUTE POUR COPENHAGUE. FANGE ET ESBJERO.

e voyageur qui entre en Danemark par Vam- drup peut sans grande peine s’écarter un peu de la route qui mène à Copenhague et faire un crochet sur Esbjerg. Toute américaine dans son développement, cette ville de Esbjerg. Il y a 30

ans, ce n’était encore qu’un méchant banc de sable à peine couvert de bruyère. Aujourd’hui, avec ses rues asphaltées, c’est une grande ville de 13,000 habitants. Sa physionomie, qui n’a rien de danois, est toute particulière par suite du cu­ rieux mélange que présentent les perfectionnements les plus récents greffés sur les vestiges encore debout de ses humbles origines. Mais, ce qui est le plus intéressant encore, c’est le grand et vaste port moderne, centre de l’exportation, pour l’Angleterre, des produits agricoles du Danemark. De la ville un bateau se rend en vingt minutes à l’île de Fanœ. On débarque à Nordbye, singulière petite ville de pêcheurs et d’armateurs, où d’étroites ruelles serpentent entre les pignons rouges de mignonnes maisonnettes et les haies de coquets jardinets. Les femmes de cette région portent un étrange costume : ample jupe sombre à larges plis, bordée en bas d'une large bande verte, corsage moulant la taille, et, autour de la tête, un mouchoir bariolé cachant jalousement toute la chevelure.

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EN ROUTE POUR COPENHAGUE.

Que l'air est frais ici! Il l'est encore d'avantage à l’autre extrémité de l’île, sur la plage même de la Mer du Nord. Pour se rendre de ce côté il faut traverser un de ces surprenants paysages de dunes, marcher entre de grands monticules de sable hérissés de gourbet. Tout à coup, vous voyez surgir entre les dunes un toit, une tour, un immense bâtiment qui semble un château, puis un autre, plusieurs, des palais flan­ qués d’une rangé de villas! Ce sont les Bains de mer de Fanœ, établissement mondain, fondé il y a peu d’années pas quel­ ques hommes entreprenants sur la côté occidentale du Jutland

qui n'a pas son pareil pour _ la facilité des communica­ tions, ses excellents bains et la beauté des environs. En bas, devant les hôtels et les villas, s’allonge, au nord et au sud, à perte de vue, la large plage, blanche comme la neige, ferme comme un par­

LA CATHÉ­ DRALE DE RIBE

quet, offrant un vélodrome idéal pour les fervents de la pédale. Puis, bordant cette plage, la mer du Nord dont les vagues viennent mourir sur le sable fin et dont l’aspect est aussi riant par une claire et belle journée d’été, qu'il est sombre et sinistre pendant les tempêtes d'automne. RIBE. Vieille ville, vénérable, remplie de souvenirs historiques, à moitié oubliée par l’activité fiévreuse des temps modernes, Ribe forme avec Esbjerg le plus frappant contraste, bien que la faible distance qui sépare ces deux villes puisse être fran­ chie par le chemin de fer en une heure seulement. Le spectacle est saississant. Dominant toute cette cité moyen-âgeuse, aux ruelles tortueuses, se dresse, fière et im­ posante, la grande cathédrale dont la majestueuse tour carrée s’aperçoit de partout. Ribe, c’est l'Avignon du Danemark : la

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EN ROUTE POUR COPENHAGUE.

cathédrale est ici ce qu’est sur le Rhône le Palais des Papes. Et, à travers la ville, jadis si opulente, maintenant endormie, une multitude de petites rivières glissent sous d'innombrables ponceaux, pour aller se répandre, lentes et silencienses sur les immenses prairies verdoyantes qui, à perte de vue, s’éten­ dent autour de la ville. KOLDING. D'Esbjerg, en quelques heures de chemin de fer, le touriste se trouve à Kolding. La ville elle-même n’a de bien remar­ quable quelles imposantes et romantiques ruines du vieux château royal »Koldinghus« qui fut détruit par un malheureux incendie en 1808. Mais, par contre, les environs sont d’une beauté remarquable. L’étroit fjord, en gracieuses sinuosités,

se déroule comme un fleuve entre des rives boisées qui of­ frent une richesse incomparable de points de vue. Il se­ rait difficile de trou­ ver un site plus idyl­ lique, et en même temps plus danois, que par exemple »Marienlund« (le bois de Marie) avec ses versants boisés, ses ravins verdoy­ ants et ses ravissan­ tes promenades. Aussi Kolding est- il devenu de plus en plus le rendez-vous de nombreux touris-

LES RUINES DE »I

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LES ROCS DE CRAIE À L’ÎLE DE MŒEN

tes; le long du fjord une multitude d’hôtels, fort bien tenus, acceuillent tous ceux qui recherchent la délicatesse des pas­ sages et le charme reposant des excellents bains de mer. MŒEN. Quand, venant du sud avec le bateau, vous traversez la Baltique pour aller à Copenhague, vous voyez tout à coup surgir des flots une côte escarpée toute blanche. Une île s’allonge à votre gauche ; c’est l’île de Mœen, l’une des plus jolies de l’archipel de Séeland, véritable bijou que devraient visiter tous ceux qui veulent connaître la nature danoise dans toute la diversité de ses aspects. L’attrait principal de l’île, c’est la »Falaise« composée des superbes rocs de craie aux formes fantastiques qui forment la côte abrupte et blanche au pied de laquelle bouillonnent les flots de la mer. On y parvient par des sentiers qui grimpent doucement en zigzag à travers de fraîches et profondes forêts. Le feuillage s’ouvre de temps en temps sur des échappées de mer, sur des perspectives inattendues, des ravins au fond desquels le

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EN ROUTE POUR COPENHAGUE.

regard plonge encore dans les ondes azurées. Et une fois au sommet, jouissant d’un immense horizon, le voyageur peut se promener des heures entières, con­ templant tantôt cette mer qui se déroule à ses pieds, tantôt les sites charmants qui l’entou­ rent. Ou bien il peut descendre les parois abruptes et d’en bas, de la plage, admirer la Falaise toujours belle dans toute son impo­ sante majesté. Ces blan­ ches parois aux vastes entailles, aux profondes

fissures, ces élégantes dentelures du sommet, d’où s’élancent des cônes et des pics, sont toujours d’un effet des plus pit­ toresques avec des aspects toujours nouveaux et des beautés sans pareilles, qu’aucune autre région du Danemark ne peut offrir. BORNHOLM. Encore un coin de nature unique en Danemark, cette île qui est si loin du pays auquel sa masse rocheuse ne semble pas du tout appartenir. Car Bornholm, c’est du granit, un seul immense bloc de granit qu’on croirait arraché des mon­ tagnes par quelque monstrueux géant qui l’aurait jeté au loin dans la mer. Du gentil petit port de Rœnne, on peut prendre une voiture (car à Bornholm il n’existe point de chemins de fer) et par- 14 -

EN ROUTE POUR COPENHAGUE.

courir l’île pour admirer les rocs sauvages enfouis dans l'in­ térieur des forêts. Sur la côté d’autres blocs plongent leurs masses de granit dans la mer furieuse qui, à son tour, s’en­ gouffre dans les profondes entailles appelées fou rs (»Ovne«). Nombreux sont les touristes qui viennent visiter Bornholm; c’est par centaines que les étrangers ont établi leur villégiatures à »Gudhjem«, »Almindingen« ou à »Hammeren«. Ce choix se justifie pleinement : partant de ces endroits, que de ravis­ santes excursions, que de délicieuses promenades à faire pour tous ceux qui aiment la beauté sauvage des rochers déchiquetés et la grandiose symphonie delà mer grondant contre les grands rocs éboulés dans les flots! Ce qu’il faut voir surtout dans cette île c’est le »Hammeren« (le marteau) la pointe septen­ trionale de Bornholm. Là, perchées au sommet des rochers, se dressent massives les ruines du vieux château de »Ham- mershus« — un morceau de romantique moyen-âge dans un décor grandiose. Là on est émerveillé par la mer, par les masses sombres et infranchissables des roches menaçantes, par les vieilles et épaisses murailles, rongées par les siècles, au dessus desquelles planent encore un puissant souffle de légende et d’histoire. Gustav tietsch .

HISTOIRE DE COPENHAGUE. o p e n h a g u e (en danois: K jobenliavn) est relative­ ment une jeune ville. On a voulu faire coïncider son origine avec les pêcheries de harengs qui, au moyen-âge, avaient lieu dans le Sund. Elle se trouve mentionnée pour la première fois dans la

»Knytlinge Saga« sous le nom de »Havn« (port); encore n’est ce que d’une manière très succinte et, pour ainsi dire, en pas­ sant. En 1167, la ville reparaît dans l’histoire sous le nom de »Kôpmannahafn« (port des marchands) ou,comme l'appelle Saxo, mercatorum portas. Le roi Valdemar le Grand (1157 —1182) fit don de cette ville et d’une grande partie de territoire environ­ nant h son ami et conseiller, Absalon, évêque, guerrier, générale­ ment regardé comme le fondateur de Copenhague qui lui doit en tout cas sa prospérité premièr et son développement initial. Absalon défendit sa ville contre les pirates et les corsaires qui enfestaient les côtes, il fit bâtir pour la protéger le château fort (castrant de hafn ) qui devint plus tard le château de Copen­ hague. Quand à son tour, il disposa de la ville, Absalon l’at­ tribua à l’évêché de Roskilde et entraîna ainsi les citoyens de Copenhague dans la lutte du clergé contre la royauté. Pendant le douzième siècle et le treizième la ville fut plusieurs fois prise et saccagée par les habitants des villes hanséatiques. En 1427 et 1428, les Lubeckois furent vigoureusement repoussés. En 1416, le roi Erik de Poméranie prit possession de Copenhague malgré

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HISTOIRE DE COPENHAGUE.

les vives protestations du clergé; le petit port du Sund appar­ tint dès lors à la couronne, et, dégagé de toute entrave, il put laisser entrevoir la possibilité d’un développement presque il- limitté. Christophe de Bavière lui assura en 1443 de nou­ veaux statuts municipaux, en remplacement des anciens règle­ ments qui avaient été octroyés, en 1254, par l’évêque Jacob Erlandsen. Le premier roi des Oldenbourgs, Christian I, y fonda l'Université, en 1479, et son petit-fils, Christian II, conçut de grands projets tendant à faire de Copenhague l’entrepôt de la

Baltique, une grande et puissante place de transactions commercia­ les qui put contrebalancer dans le Nord la suprématie des Lubeckois. C'est dans ce but que le centre de perception des droits du Sund, institués en 1425 ou 1426 et abolis par une convention internationale en 1857, fut pour quelque temps reporté d’Elseneur à Copenhague. Mais les évènements anéantirent ces projets; lorsque Christian II quitta son pays, Copenhague, qui

l ’ ég u se DU SAUVEUR ÀCHRISTIANS- HAVN

s'était ralliée à son parti, fut contrainte de capituler à la suite de deux longs sièges: le premier de sept mois, le se­ cond de plus d’une année (1535 —1536). Pendant ce der­ nier siège, les habitants supportèrent héroïquement de telles privations que, dit la chronique, »ils n’avaient dans la ville aucun aliment, ni chevaux, ni chiens, ni chats, ni corbeaux, ni rien; mais seulement les feuilles sur les arbres«. A la suite de ces guerres, une révolution, partie d’en haut, mais à la­ quelle se joignirent toutes les classes de la société, amena la Réforme de l’Eglise selon les principes de Luther. C'est de cette époque que datent les nouveaux statuts de l’Université (1539) et la première traduction de la Bible en danois (1550, date d’impression). (2)

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HISTOIRE DE COPENHAGUE.

l ’ homme ( jésu s - ch rist ) SUR LA TOUR DE L’ÉQLISE DU SAUVEUR

Le régne de Christian IV (1588—1648) fut une période heureuse pour Copenhague. Sa richesse, son commerce et son industrie s’accrurent. Une nouvelle ville indépendante, Christianshavn, fut créeé sur l'île d'Amac, de l’autre côte du port. On vit alors se fonder plusieurs grandes compagnies commerciales et parmi elles, la célèbre Compagnie des Indes qui devint très puissante après son re­ nouvellement en 1670. C’est en cette même année 1670 que Christianshavn fut définitivement annexée

à Copenhague. Mais, avec la parti­ cipation du Danemark ci la guerre

LA TOUR DE L’ÉQLISE DU SAUVEUR

de trente ans et la guerre contre la Suède en 1644 de nouveaux malheurs accablèrent le pays; quelques années après, lors des luttes de Frédérik III avec la Suède, le royaume était à deux doigts de sa perte. Défendus par leurs fortifications, les citoyens de Copenhague purent arrêter le roi suédois Charles X Gustave. Cette lutte de deux ans autour des remparts, ce »siège de Copenhague« n’est pas seulement un sou­ venir glorieux; ce fut un moment décisif dans l’histoire du pays. La situation, après la con­ clusion de la paix, était si désespérée que l'on dut avoir recours à des mesures extraordinaires. En récompense de leur courageuse conduite,

les citoyens de Copenhague furent dotés de grands privi­ lèges qui, dans la pratique, devinrent plus honorifiques que réels. En revanche on établit solidement l’hérédité de la monarchie et le régime du pouvoir absolu, afin de mieux armer la royauté contre

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HISTOIRE DE COPENHAGUE.

COPENHAGUE ANNO 1611

la noblesse qui avait oublié ses devoirs envers la patrie. Cette révolution amena la création à Copenhague de la citadelle de Frederikshavn, l’adjonction des nouveaux quartiers de Frederiksholm ou Kalveboderne, et l’extension des fortifica­ tions vers le sud. Sous le roi suivant, Christian V, on éleva un grand nombre de maisons, on agrandit considérablement le port par la con­ struction de remparts autour de Christianshavn et le rem­ blaiement de Nyholm. A milieu du 18e siècle le nouveau quartier d’Amalienborg fut incorporé dans la ville et enfin en 1859, le Oammelholm fut livré à la construction. Quel­ ques années après, en 1867, Copenhague rompit la ceinture de remparts qui l'étreignait; les fortifications furent rasées et les terrains furent cédés à la Ville. C’est alors que Copen­ hague, adoptant successivement toutes les améliorations mo­ dernes, commença sa transformation; les constructions se multiplièrent de tous côtés avec une activité qui ne semble pas près de s’éteindre, Quelques chiffres permettront d’en juger : La ville ne renfermait en 1680 que 42000 habitants; on en comptait 100000 en 1790, 130000 en 1850; elle en ren­ ferme aujourd’hui plus de 413000. Au 18e siècle Copenhague fut cruellement frappée. En 1711, la peste qui se déclara pendant une guerre avec la Suède, ravagea la ville faisant près de 23000 victimes. Puis en 1728, ce fut le grand incendie qui réduisit en cendres 1670 maisons, environ les 2/5 de la ville. Cependant les circonstances furent si favorables que le roi Christian VI put commencer dès 1731,

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en même temps que la reconstruction de la ville, l'édification du magnifique palais de résidence »Christiansborg« qui brûla en 1794, fut reconstruit au commencement du 19e siècle et brûla de nouveau le 3 octobre 1884. La reconstitution fut aussi rapide lors du second grand in­ cendie qui, en 1795, dévora 941 maisons: neuf ans après il n’y paraissait plus. Cette prodigieuse vitalité étaient dûes surtout à la grande richesse de la ville dont le commerce était tout particulièrement florissant à la fin du dix-huitième siècle, le Danemark ayant réussi à ne pas se laisser entraîner dans les guerres qui, à cette époque, désolèrent l’Europe. Lors de la bataille livrée en rade de Copenhague le 2 avril 1801, la ville fut seulement menacée par la flotte anglaise qui se retira sans avoir causé de grands dégâts. Par contre en 1807, les Anglais revinrent attaquer la ville sans déclara­ tion de guerre préalable; ils la bombardèrent pendant 3 jours et s’emparèrent de toute la flotte danoise. Ce fut une cata­ strophe qui frappa si durement la ville et l'Etat que les suites politiques, financières et économiques s'en faisaient encore sentir quarante ans après. Mais en 1848, année de liberté, la capitale du Danemark recouvra sa vitalité antérieure. C’est actuellement, sous le gouvernement du Roi Christian IX, une ville qui prospère à tous les égards. C ari Braun.

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LE CLIMAT DE COPENHAGUE. o p e n h a g u e est situé dans la partie de l’Europe dont le climat est principalement soumis à l'in­ fluence des nombreuses perturbations atmosphé­ riques qui, venant du nord de l'Océan Atlan­ tique et passant par le nord de l’Angleterre, se dirigent vers le nord-est ou vers l’est. C’est pourquoi à Copen­ hague les vents dominants sont les vents d’ouest et de sud- ouest, et, comme ces vents amènent une température relative­ ment élevée, Copenhague a, par rapport à sa situation, une température moyenne annuelle très élevée. Cette température est, d’après les observations de cent ans, 7y 20 G, tandis que la moyenne pour beaucoup des villes placées sous la même lattitude nord, ne donne que 1 y2°. i Outre les vents dominants ceux des autres points cardinaux, surtout les vents d'est, exercent également une notable influ­ ence. La mer, se réchauffant en été et se refroidissant en hiver plus lentement que la terre, les grands continents qui sont au nord, à l’est et au sud de Copenhague jouent un rôle très important. Ainsi les vents d’est peuvent en hiver provoquer de très grands froids, et en été de très fortes cha­ leurs, tandis que les vents d’ouest sont doux en hiver et frais en été. Mais, comme on l’a déjà dit, les vents d'ouest et de sud-ouest étant prédominants, non seulement pour l’ensemble de l’année, mais aussi pour chaque saison, il en résulte qu’à

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LE CLIMAT DE COPENHAGUE.

Copenhague les hivers son t relativem ent doux et les étés assez fr a is ou, en d’autres termes, que son climat est un clim at d'ile. Quelques chiffres permettront de comparer la température de Copenhague avec celle de quelques villes de l’Europe oc­ cidentale. Les degrés sont calculés d’après le thermomètre Celsius (centigrades). Pendant les trois mois d’été propre­ ment dit, Juin, Juillet et Août, la température moyenne est à Copenhague de 1572 à 17°; celle de Bruxelles et de Brest n’est plus élevée que d'un degré; celle de Paris de 2° seule­ ment. La température moyenne de Copenhague pendant le mois le plus froid, Janvier, est de - f - 1° c. à. d. 2° 72 plus basse qu'à Paris et 7 0 plus basse qu’à Brest. A Copenhague, la température moyenne est de 13° 72 en Septembre; elle est de 11° en Mai. Les températures les plus hautes observées à Copenhague ont été de 29° à 32 °7 2 dans les mois de Mai à Septembre; mais de si hautes températures sont fort rares. On aura une idée plus exacte de l’été à Copenhague, en apprenant que la température moyenne au milieu de la journée est de 20° à 22° en Juin, Juillet, Août; de 17° en Septembre, et de 1501/2 en Mai. Copenhague n’a généralement que 15 jours de gran­ des chaleurs où la température monte au dessus de 25°. Ces jours, dits «jours d’été" sont ainsi répartis : 6 en Juillet, 4 en Juin, 4 en Août et 1 pour les mois de Mai et Septembre. La plus basse température observée à Copenhague varie entre 18° et -r- 25° pendant les mois de Décembre à Mars, la période la plus rigoureuse; mais un tel froid est très rare. Pendant ces 4 mois il gèle en moyenne deux nuits sur trois; mais seulement 7 fois sur 100, la température dépasse -f- 10°. Les premières gelées arrivent vers le milieu d’Octobre, les der­ nières en moyenne au commencement de Mai. La quantité annuelle de pluie et les autres caractères climatériques qui s’y rattachent sont à peu près analogues à ceux de Paris, mais plus favorables qu’ à Bruxelles pour les promenades. A Copen­ hague, la quantité de pluie est de 650 mm. répartis sur 167

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I.E CLIMAT DE COPENHAGUE.

jours (Paris 550 mm. et Bruxelles 700 mm.); mais plus de la moitié de ces jours ne donne qu’une faible quantité de pluie et, surtout dans les mois de printemps et d’été, on constate souvent de grandes périodes de sèche- l

l ’ éqlise DE LA TRINITÉ AVEC IA «TOUR RONDE»

resse. Même s’il ar­ rive des périodes de vents persistants du sud-ouest ou de l’ouest accompag- nés d'averses fré- • queutes, celles-ci durée, quelquefois avec des orages toujours suivis de beau temps. On a observé que pen­ dant les trois mois d’été,Juin, Juillet et Août, le soleil brille en moyenne 6 heu- W A sont, en été, le plus souvent de courte

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En général à Co- penhague, depuis le milieu de Mai jusqu'en Septem­

bre et souvent jusqu’à la fin de ce mois on doit prévoir des périodes plus ou moins longues de temps variable. Les douces brises et le soleil fréquent, ainsi qu’une température modérée, sont cependant d'excellentes garanties de bien-être pour le touriste qui, à pied ou en voiture, veut être dehors la plupart du temps. W illaume Jan tzen , Sous-directeur de l’Institut météorologique de Copenhague.

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LE CLIMAT DE COPENHAGUE.

L'ÉTAT SANITAIRE A COPENHAGUE. On juge ordinairement l’état sanitaire d'une ville d’après la mortalité annuelle de la population. D e toutes les ca­ p itales de VEurope Copenhague était, en i 8 qô , celle don t la m ortalité éta it la plus fa ib le ; elle ne s’élevait qu’à lô ,5 par* mille habitants, tandins qu’on notait à Stockholm 16,8; à Ber­ lin, 17,,,; à Londres, 18,,; à Paris, 19,0; à Rome, 19; à Vienne, 22,3; à Buda-Pest, 25,4; à St. Petersbourg, 30,9. Une si faible mortalité ne prouverait rien pour une seule année qui aurait pu bénéficier de circonstances fortuites ou particulièrement favorables; mais les chiffres suivants montreront que la mor­ talité à Copenhague diminue graduellement depuis 20 ans: 1875, 27,4; 1880, 24,7; 1885, 20 ,t ; 1890, 20,3; 1895, 18,0. C’est que Copenhague ne subit presque pas de mala­ dies épidémiques. Copenhague n’a eu qu’une seule fois, en 1853, une sérieuse poussée de choléra; mais déjà en 1857,

lorsque l’épidémie reparut, on sut facilement la restreindre. Depuis 1872 le typhus exanthématique n’est apparu qu’une fois, en 1893, et sur un seul point, dans une grande maison d’ou­ vriers. La fièvre typhoïde est très peu répandue; elle n’a fait périr en 1875 que 52 personnes; en 1880, 60; en 1885, 23; en 1890, 26; en 1895, 56; en 1896, 24. Et pourtant dans cette même période le chiffre de la popu­ lation montait de 210,000 habitants en 1875, à 340,000 en 1896. La variole est si rare que très peu de méde­ cins de Copenhague ont eu l'occasion de voir cette maladie lorsque, d’ad- venture, elle a été apportée par mer et qu’elle a attaqué quelques person-

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LE CLIMAT DE COPENHAGUE.

LA BOURSE

nés non revaccinées. Toujours on a pu arrêter immédiate­ ment la propagation du mal. Une des causes principales du bon état sanitaire c’est l’ex­ cellence de l’eau potable que possède la ville. Contrairement à ce qui a lieu par exemple à Londres, l’approvisionnement des eaux est un service municipal. L'eau qui provient exclu­ sivem ent des puits artésiens est soumise chaque semaine à des examens bactéorologiques. En raison du fer qu'elle contient en grandes quantités, on ne peut cependant la faire passer directement des sources dans les conduits; il faut d’abord l’ex­ poser à l’oxygénation de l’air et la filtrer ensuite. L’écoulement des eaux ménagères et pluviales s’effectue par un système de canalisation qui a encore un défaut, c’est qu’il aboutit au port dont il salit les eaux; on espère cepen­ dant remédiera cet état de choses dans un avenir très prochain. On travaille ainsi déjà à receuillir les eaux d’égout dans des collecteurs placés sous le port pour les conduire à l’île d’Amac, d’où elles seront refouleés dans le Sund, de l’autre côté de l’île. On obtiendra, par suite, l’amélioration du système de vidange

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LE CLIMAT DE COPENHAGUE.

en adoptant le «tout à l'égout". Jusqu’ici on a dû, par crainte d'infecter le port, resteindre l’installation des waterclosets qui remplaceront bientôt le système actuel des fosses mobiles. Quelque soient les défauts de ce système, il faut reconnaître qu’aucune autre ville ne l'a installé d’une façon si rationnelle. Depuis bien des années il n'existe plus dans toute la ville, pour la réception des matières de vidange, une seule de ces fosses fixes qui sont encore si nombreuses dans beaucoup de gran­ des villes, telles que Paris, Munich, etc., et qui présentent tou­ jours le danger d'infecter le sol environnant. Par sa situation entre la mer d’un côté et une campagne fertile de l’autre, Copenhague est à même de recevoir facile­ ment les aliments qui ne tolèrent pas de longs transports, tels que le poisson, les légumes et le lait. Ce dernier, conti­ nuellement soumis au contrôle des autorités sanitaires, y est excellent. L’approvisionement de la viande est assuré par les abattoirs publics. Toute viande livrée à la consommation est cpntrôlée et estampillée par les vétérinaires communaux, et la vente n’en doit avoir lieu que dans des locaux aménagés d'après les régies fixées par les autorités sanitaires. + K Caroe, Inspecteur de santé.

LE PORT-FRANC ET LE PORT DE COPENHAGUE.

E voyageur qui, venant du Nord par mer, se di­ rige vers la capitale du Danemark devra, dès que le navire aura dépassé Elseneur et quitté le Cattégat pour entrer dans le Sund, se tenir sur le pont; il atteint enfin le but de son voyage.

Car Copenhague commence en réalité où cesse la petite ville d’Elseneur avec son vieux château de Kronborg. La rangée de grandes et de petites villas qui, comme une traînée de perles, s’égrène vers le sud le long de la côte sinueuse du Sund fait partie intégrante de Copenhague. C'est un des nom­ breux tentacules que la grande ville dans son actif et inces­ sant développement étend dans toutes les directions comme pour aspirer plus d’air et plus de forces. Le vieux fort »Tre Kroner« (trois couronnes) avec ses rem­ parts garnis de bouches à feu pointées dans toutes les direc­ tions, est comme le gardien de la ville. 11 sert de limite entre la rade intérieure et la rade extérieure. Sur la rade extérieure ancrent les navires qui, venant de la Baltique ou y allant, ne s’arrêtent que pour s'approvisionner ou faire du charbon. Dans la rade intérieure, ce sont les navires de touristes, les vaisseaux de plaisance et les petites embarcations qui vien­ nent s’abriter sur une rade protégée de tous côtés contre les vents et la mer. C’est là que l'étranger rencontrera parfois toute une flotille de yachts princiers. Lorsque les membres

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LE PORT-FRANC ET LE PORT DE COPENHAGUE.

PORT DE COPENHAGUE

de la famille royale se réunissent à Copenhague on y voit souvent côte à côte pendant des étés entiers, les vaisseaux de la famille impériale de Russie, et le yacht royal d'Angleterre. Nous allons aussi nous arrêter sur cette rade qui formera le point de départ de notre excursion à travers le nouveau Port-franc et le vieux port. Le port-franc, ce sont ces grands et profonds bassins que nous avons aperçus en passant le fort de »Trekroner«; ce sont ces immenses agglomérations de bâtiments qui se dressent de l'autre côté de la haute promenade de »Langelinie«. Il n’y a que sept ans les vagues du Sund roulaient sur les 61 hectares (dont 36 hect. de terre) que couvre le port franc. La loi décrétant l’établissement d’un port-franc à Copen­ hague fut votée par le Rigsdag danois au printemps de 1891, et quelques mois après commençait l’exécution de cette grande entreprise. L’emplacement que devait occuper le nouveau port fut conquis sur la mer. On éleva d’énormes digues; d’immen­ ses masses d’eau furent refoulées et, bientôt apparut le sol sur lequel les flots avaient roulé pendant des siècles. Pour approfondir les bassins, de puissantes machines enlevèrent près de 1 . 100.000 mètres cubes de terre; des centaines d’ouvriers furent occupés à former les quais. Ce chef d'œuvre de construction fut conduit avec une telle énergie, qu’au bout de 2 ans et demi tout était terminé. Le premier no­ vembre 1893, le Prince Valdemar de Danemark pouvait, en appuyant sur un bouton électrique, ouvrir les digues qui jus­ qu’à ce jour avaient séparé de la mer les bassins desséchés. Ces bassins ont une profondeur de 24 à 30 pieds, les quais ont une longueur totale de 12.000 pieds. Le 8 novembre 1894,

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LE PORT-FRANC ET LE PORT DE COPENHAGUE.

PORT DE COPENHAGUE

un an après, les constructions, les entrepôts, les chemins de fer, etc., tout était prêt, et le port-franc de Copenhague, un des meilleurs ports du monde, pouvait recevoir les navires et entrer en plein fonctionnement. La situation géographique du port-franc est excellente. Le peu de profondeur des ports de la Baltique en fait un entre­ pôt naturel pour les marchandises apportées par les grands transatlantiques, ces marchandises pouvant être réexpédiées partout aves la plus grande facilité, soit sur la Suède et la Norvège par les chemins de fer et les bacs à vapeur, soit sur le continent par la voie du Danemark, soit sur les autres points du globe par les nombreuses lignes de bateaux à vapeur qui partent de Copenhague. Si nous montons sur un de ces petits vapeurs qui font la navette entre le port-franc et le vieux port nous passons en vue de la belle promade de »Langelinie« aux longues allées ombreuses. Vers le milieu, au point où la vieille partie de la promenade se rencontre avec la partie nouvellement créée par l’établissement du port franc, on aperçoit un petit port par­ faitement protégé, rempli d’embarcations de plaisance de tout genre. C’est là que les différentes sociétés de voiles et d’aviron ont établi leur quartier. De l’autre côté de la rade se trouve la Refshaleœ’en; on entend toute la journée venant de cette petite île un interminable bruit de marteaux frappant le fer; c'est là, en effet, que sont situés le grands chantiers de con­ struction de navires de Burmeister & Wain occupant tous les jours près de 1800 ouvriers. C’est sur ce chantier que feu le tzar Alexander III posa lui-même la quille de son nouveau yacht le »Standard «.

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LE PORT-FRANC ET LE PORT DE COPENHAGUE.

Evoluant entre une flotille de petits vapeurs qui, comme des flèches, sillonnent la rade en tous sens et entre les gros navires qui entrent et sortent du port, nous passons le »Bom- lœbet«, l’étroit goulet qui, reserré entre la douane d’un côté et l’Arsenal de la Marine de l’autre, forme l'entrée du port. La flotille de la plus grande des sociétés de bateaux à vapeur, la »Forenede Dampskibsselskab« emporte chaque jour à l’étranger, notamment en Angleterre, les produits de l’agriculture danoise, le beurre, le lard, les œufs, etc., tandis que de grands vapeurs, lourdement chargés apportent au Danemark les denrées de l’étranger. C’est ainsi que, chaque année, 35.000 navires, à voiles et à vapeur, passent devant le pointeur du pont de la douane. Passant, nous aussi, nous apercevons à notre gauche des vieux vétérans de la flotte danoise qui servent maintenant de casernes pour les marins de la flotte. Derrière, on aperçoit l’ensemble de l’Arsenal occupant la partie méridionale de la »Refshaleœ’en«. A droite s’élèvent de vieux bâtiments, des entrepôts de grains, des chantiers et, parmi eux, celui où accostent les grands vaisseaux de la société transatlantique »Tingvalla« qui font le service régulier entre Copenhague et New-York. Derrière ce chantier se trouve une grande place entourée de quatre grands palais : c’est Amalienborg, la résidence royale, et tout au fond s’élève la ronde coupole de l'église de Frédéric dont la flèche et les arrêtes dorées, visibles de très loin, brillent au soleil, dominant toute cette partie de la ville. Au »Knippelsbro«, pont qui relie la ville proprement dite au vieux quartier de Christianshavn, nous nous engageons dans les nombreux petits canaux qui entourent le Slotsholm (îlot du château) sur lequel se trouvent les ruines du château de Christiansborg, la Bourse, le Musée de Thorvaldsen, l’Arse­ nal militaire et d’autres édifices intéressants. Nous aurons aussi l’occasion de voir le marché aux poissons de Copenhague, à »Gainmel Strand«, où les pêcheurs viennent chaque matin de bonne heure vendre le produit de leur pêche.

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le : po r t - fra n c f . t l e po r t d e C o p e n h a g u e .

PARTIE DU PORT DE COPENHAQUE

En poursuivant notre course à travers les canaux qui entourent le »Slotsholm«; nous débouchons enfin dans la partie méridionale du port près du »Kalvebodstrand«. Cest là, dans le quartier des »diamants noirs«, que les mau- chands de charbon ont leurs bureaux et leurs chantiers. Devant, le long du port, s’étend le »Vesterbro« (faubourg de l’ouest) le quartier ouvrier. A perte de vue surgissent de hautes cheminées de fabriques; la noire fumée qu’elles vomissent va s'étendre comme un voile sur les limites extrê­ mes de la ville et sur la mer, jusqu’au point où, là-bas, à la rencontre de la Baltique et du Œresund, on voit s’avancer vers le nord, à toutes voiles et à toute vapeur cette flotte in­ définiment renouvelée qui se dirige sans cesse vers le port de Copenhague. Anthon Maaloe.

LA CAPITALE DU DANEMARK. PHYSIOGNOMIE DE COPENHAGUE.

o p e n h a g u e n’est pas une de ces villes qui en imposent par leur splendeur et leurs richesses. Mais le voyageur qui arrive par le charmant Œresund, se sent malgré lui attiré vers la co­ quette silhouette de la ville qui se détache, sédui­ sante et nette, avec sa grande coupole de l’église de Frédéric et sa multitude de tours et de clochers. Descendant de chemin de fer dans le joli hall de la gare, il se trouvera, le soir, au beau milieu de la foule houleuse qui se.promène sur le »Vesterbros Passage«, à la lueur des lampes électriques qui étincellent dans le magnifique jardin de Tivoli ; il se verra à l’entrée des nombreux cafés-concerts et il se sen­ tira au cœur d'une grande ville avide de plaisirs et bien vi­ vante. Copenhague a son charme particulier, son caractère; sa beauté pittoresque, empreinte d’une ancienne et noble aisance, est plus attrayante, plus singulière que la somptuosité des villes modernes qui fatiguent par leur uniformité. L’étranger s’apercevra bientôt que Copenhague se compose en réalité de deux villes bâties à des époques différentes, bien que ces deux parties se soient peu à peu fondues l’une dans l'autre. La vieille ville est limitée par les boulevards qui s'étendent à présent de l’est à l’ouest à l’endroit même où se trouvaient

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LA CAPITALE DU DANEMARK.

auparavant les anciens remparts couverts de vieux arbres om­ breux et les profonds fossés dont l'eau calme reflétait la luxu­ rieuse végétation. Il ne reste plus de ces anciennes fortifications que le castel, près de la Langelinie et la fraîche et jolie ceinture de parcs publics plantés le long des boulevards, le

l ’ éqlise de FRÉDÉRIC

»Œstreanlæg«, le »Œr- stedspark «, le Jardin Botanique et le »Abor- repark«. Copenhague n’est plus ce qu’on appelle une vieille ville; elle a subi trop de désatreux in­ cendies pour avoir pu conserver le caractère du moyen - âge. La «Maison du St.-Esprit«, nouvellement restau­ rée, et quelques restes de caves sont les seuls vestiges de cette épo­ que. Copenhague a eu deux périodes de con­ struction qui lui ont imprimé son caractère

architectonique. L’une de ces périodes part du commencement du 17e siècle sous le roi Christian IV, le royal architecte; l’autre se place à la fin du 18e siècle, l’époque transitoire entre le rococo et l’empire; c’étaient alors la noblesse et les grands négociants qui dominaient, et Copenhague trouva en Hars- d o r ff un architecte de grand génie dont la compréhension de l’art antique est peut-être unique en Europe. Si l'on veut avoir une impression bien nette des construc- (3)

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LA CAPITALE DU DANEMARK.

tions de Christian IV, remaniement original de la renaissance allemande et hollandaise, il faut aller voir le gracieux château de Rosenborg avec ses tours élancées et sa situation si bien comprise et si pittoresque au milieu d'un grand parc, ou bien il faut se rendre à la Hœjbroplads, où les femmes de l'île d'Amac, dans leurs anciens costumes hollandais, vendent des fruits et des légumes, et voir, au fond, l'église de Holmen et le magnifique bâtiment de la Bourse avec sa fantastique tour de Dragons, deux belles preuves du goût artistique des construc­ teurs. Tout près, se trouvent deux autres maisons particulières de la même période, l'une dans la Œstergade et l'autre sur le Amagertorv. Un peu plus loin, resserrée entre les maisons, se dresse la Tour Ronde de l'église de la Trinité et, en face, la »Régensen«. Tous ces monuments datent du temps de Christian IV. L'Amagertorv et la Hœjbroplads sont en quelque sorte le centre de la vie active à Copenhague; par la Œstergade, d'un côté, et par le Vimmelskaftet, de l'autre, on arrive à d'autres places principales de la ville. Au bout de la Œstergade, c'est le Kongens Nytorv (nouvelle place du Roi) autrefois le centre de la ville, grande et large place entourée de grands hôtels modernes, de grands magasins, sur laquelle se trouvent le Théâtre Royal et le Château de Charlottenborg, aujourd'hui la demeure de l'Académie des Beaux-Arts. Puis c'est un coin de canal hérissé de mâts et rempli de petits bateaux qui sem­ blent des vestiges du temps passé. Au bout du «Vimmelskaftet « et de la Nygade se trouvent les 2 places »Gammeltorv« et »Nytorv« où le vénérable Hôtel de Ville et de grandes et sévères maisons de grands commer­ çants parlent de prospérité et de travail. Au milieu une co­ quette et ancienne fontaine sur les jets d'eau de laquelle dan­ sent des pommes d'or lorsque revient l'anniversaire du roi et de la reine. Tout près, c'est la place de Notre Dame. Les nombreux incendies ont surtout ravagé les églises, et Notre Dame n'a pas évité le sort des autres. Le bâtiment actuel date

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